The inequality regime of French national sports federations.
Le régime d'inégalités de la gouvernance des fédérations sportives françaises
Résumé
This article focuses on the governance of French national sports federations. The objective is to analyze the organizational processes that produce inequalities (gender, class, race, etc.). To this end, the study relies on five federation case studies (basketball, cycling, rugby union, dance and UFOLEP). The method is based on semi-structured interviews with board members (n=78) and a documentary study. It shows that behind a disembodied functioning, governance constitutes a poorly formalized space where sociability plays an essential role. Instead of equalizing the rules for participation in governance, the electoral system produces and legitimizes indirect discrimination. The votes unevenly distributed between the candidates favour those from the most important territories in terms of licensed practice. The recruitment of leaders is based on a system of clan recommendations, which contributes to their social reproduction. If these results support the literature on sports governance, the study also reveals new processes participating in the inequality regime. Evolving hierarchically also requires the acquisition of specific bodily and temporal dispositions. Finally, if positions are volunteers, they make an economic investment on their part in order to access the most important positions. These elements constitute organizational filters which contribute to restricting access to decision-making positions and the retention of men, perceived as white, and from the most privileged social classes in the presidency.
These results invite us to put into perspective actions undertaken to fight against inequalities. Following an individualizing approach, they currently favor the promotion of female leaders via dedicated training, leaving the overall system of producing inequalities almost unchanged.
Cet article s’intéresse à la gouvernance des fédérations sportives françaises. L’objectif est d’analyser les processus organisationnels qui produisent des inégalités (de genre, de classe, de race, etc.) en leur sein. À cette fin, l’étude mobilise cinq études de cas de fédération (basket-ball, cyclisme, rugby à XIII, danse et UFOLEP). La méthode s’appuie des entretiens semi-directifs avec des dirigeants et des dirigeantes (n=78) et une étude documentaire. Elle montre que derrière un fonctionnement désincarné, la gouvernance constitue un espace peu formalisé où la sociabilité joue un rôle essentiel. Au lieu d’égaliser les règles de participation à la gouvernance, le système électoral produit et légitime des discriminations indirectes. Les votes, inégalement répartis entre les candidats et les candidates, favorisent ceux issus des territoires les plus importants en termes de pratique licenciée. Le recrutement des dirigeants repose sur un système de recommandations claniques qui participe à leur reproduction sociale. Si ces résultats confortent la littérature sur la gouvernance du sport, l’étude met par ailleurs au jour de nouveaux processus participant au régime d’inégalités. Évoluer hiérarchiquement nécessite l’acquisition de dispositions corporelles et temporelles spécifiques. Enfin, si les fonctions dirigeantes sont bénévoles, elles engagent un investissement économique afin d’accès aux postes les plus importants. Ces éléments constituent autant de filtres organisationnels qui participent à restreindre l’accès aux postes décisionnels et au maintien d’hommes, perçus comme blancs, et issus des classes sociales les plus privilégiées à la présidence.
Ces résultats invitent à mettre en perspective les actions engagées envers la lutte contre les inégalités dans la gouvernance du sport. En effet, suivant une approche individualisante, celles-ci privilégient pour l’heure la promotion des dirigeantes via des formations dédiées, laissant quasi inchangé le système global de production des inégalités.
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