Identification éco-anthropologique d'espèces migratrices, emblématiques de la reconquête d'un milieu fortement anthropisé, la Seine - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Rapport Année : 2007

Eco anthropological identification of diadromous fish, symbols of the recovery of a highly anthropified system, the Seine

Identification éco-anthropologique d'espèces migratrices, emblématiques de la reconquête d'un milieu fortement anthropisé, la Seine

Résumé

Ce travail repose sur le croisement d'une approche écologique et d'une approche anthropologique pour identifier quelle(s) espèces parmi les poissons migrateurs pourrai(en)t symboliser la reconquête de la qualité de l'estuaire de la Seine. Les espèces impliquées obligent à reconsidérer les limites géographiques du travail et en fait à raisonner à l'échelle du bassin de la Seine. L'approche écologique a été menée à deux échelles. Dans une approche macroécologique nous avons identifié à l'aide de modèles GLM puis GAM, les variables environnementales expliquant la présence ou l'absence historique des quatorze espèces de poissons migrateurs présentes en Europe de l'ouest. Cette présence historique des espèces est considérée comme une approximation de leurs distributions naturelles, l'amélioration en cours de la connectivité longitudinale et l'arrêt des pollutions majeures permet de considérer cette distribution naturelle comme une mesure du potentiel de favorabilité des différents bassins. Les modèles obtenus sont de bonne qualité et permettent de confronter les espèces présentes actuellement en Seine avec leurs probabilités de présence issues du modèle pour les conditions environnementales actuelles et de tester un scénario de réchauffement climatique. Pour certaines espèces la favorabilité de la Seine dans les conditions actuelles concorde avec la présence historique des espèces : alose feinte, grande alose, esturgeon européen, saumon atlantique, pour d'autres: éperlan, mulet porc, le modèle indique des probabilités de présence plus faibles alors que les espèces étaient et sont encore présentes. Avec le scénario de réchauffement climatique la Seine constituerait un environnement favorable pour les deux espèces d'aloses, l'esturgeon européen et le mulet porc; il serait sans doute encore acceptable pour le saumon atlantique et les deux espèces de lamproies mais risquerait de ne pas permettre le maintien de l'éperlan. L'analyse des conditions d'habitats (débit, température, oxygène, faciés hydrodynamique, granulométrie, métaux lourds, nitrites) et leur accessibilité (connectivité longitudinale) rencontrés dans quatre secteurs sélectionnés du bassin (Estuaire, Andelle, Epte, Seine amont) a permis grace à l'outil SIG de localiser dans ces secteurs les habitats existants et fonctionnels pour les différentes espèces de poissons migrateurs. A l'issue de cette phase d'analyse écologique trois espèces se dégagent : l'éperlan (malgré une incertitute sur la pérennité de sa présence en Seine), la truite de mer et la grande alose, chacune de ces espèces pouvant être considérée comme l'espèce phare d'un secteur particulier du bassin. A la question d'identifier une espèce de poisson migrateur qui pourrait constituer un bon emblème pour accompagner et aider à la reconquête de la qualité des habitats de l'estuaire et du bassin de la Seine, l'analyse anthropologique n'a pu apporter de réponse. En effet, les enquêtes anthropologiques visant à évaluer la façon dont les acteurs perçoivent et interprètent la présence/absence des différentes espèces de poissons n'ont pas conduit à identifier une ou plusieurs espèces de poissons. Que ce soit dans les discours et/ou les actions mises en place, aucune espèce de poisson ne parait porter un enjeu identifié pour la société locale (excepté pour certaines catégories précises comme les pêcheurs) ou plus globalement pour le bassin. Les entretiens ont plutôt conduit à poser les oiseaux comme emblématiques non pas de l'estuaire de la Seine, mais de territoires précis comme les zones humides. Une des conclusions que nous avons pu formuler est que cette catégorie animale n'est actuellement pas clairement identifiée par la société, pour diverses raisons. Une mobilisation de la population ou des usagers de la Seine autour de ces animaux apparaît ainsi, en l'état actuel de leur place au sein de la société, difficilement envisageable. La promotion des poissons migrateurs semble être un préalable afin que les enjeux dont ils sont porteurs pour la société puissent être intégrés, d'un point de vue global, aux différents débats autour de l'eau, de la biodiversité, des corridors écologiques, des indicateurs biologiques, etc. D'un point de vue local, les migrateurs devraient faire l'objet d'actions de promotion visant à les intégrer au bestiaire commun. Une expérience de conciliation menée sur le bassin de l'Andelle montre toutefois qu'il existe une première marge de progrés rapide accessible. Des interlocuteurs pour qui les poissons constituent un élément de l'écosystème, mais réticents à des actions visant à les favoriser peuvent évoluer rapidement et permettre de trouver des consensus. Toute utilisation d'une ou de plusieurs espèces de poissons migrateurs devra donc être accompagné de mesures d'informations et de sensibilisation au milieu aquatique et à sa faune.

Mots clés

Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02590282 , version 1 (15-05-2020)

Identifiants

Citer

Eric Rochard, J. Marchal, P. Pellegrini, Mélanie Béguer, Dominique D. Ombredane, et al.. Identification éco-anthropologique d'espèces migratrices, emblématiques de la reconquête d'un milieu fortement anthropisé, la Seine. irstea. 2007, pp.143. ⟨hal-02590282⟩
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