Il existe une multitude d'indices de biodiversité. Le plus simple et le plus utilisé est la richesse spécifique totale ; de nature purement quantitative, celui-ci n'est pas le plus intéressant ni le plus utile pour le gestionnaire d'espaces naturels qui s'intéresse avant tout à la conservation des espèces et des milieux patrimoniaux. La richesse en espèces protégées est alors la plus pertinente. Cependant, ces espèces sont le plus souvent très peu fréquentes, voire absentes lorsque l'on étudie un ensemble de relevés floristiques ; la mise en évidence de différences ou évolutions significatives (au sens statistique) est alors quasiment impossible. En parallèle, le même raisonnement peut s'appliquer à la richesse en espèces invasives, peu nombreuses mais malheureusement parfois abondantes. Dans le cadre d'une étude sur la biodiversité floristique sous les pylônes à très haute tension (étude en cours soutenue par RTE), nous avons essayé de résoudre les difficultés évoquées en construisant des indices stricts (ou durs) ainsi que des indices de tendance (ou mous) de patrimonialité et de banalité universels (c'est-à-dire utilisables pour l'ensemble des milieux terrestres d'un territoire donné). Pour cela nous nous sommes inspirés des cotations autécologiques d'Ellenberg et al, 1992, qui classent les espèces sur un gradient de 1 à 9 pour divers facteurs écologiques (lumière, température, nutriments du sol). Nous avons affecté une cote à chaque espèce (de 1 pour patrimonialité très marquée à 9 pour banalité très marquée) en utilisant diverses bases de données et d'ouvrages issus de l'expertise de botanistes reconnus (protection des espèces, indigénat, rareté, spécificité forestière, eutrophisation). A partir de ces cotations nous avons constitué 5 indices : - un indice dur de patrimonialité : richesse en espèces avec cotation 1 ou 2, - un indice mou de patrimonialité : richesse en espèces avec cotation 1, 2, 3 ou 4, - un indice mou de banalité : richesse en espèces avec cotation 6, 7, 8 ou 9, - un indice dur de banalité : richesse en espèces avec cotation 8 ou 9, - la valeur indicatrice (VI) de patrimonialité-banalité : moyenne des cotations des espèces rencontrées. L'utilisation des ces indices est présentée et discutée pour divers ensembles de relevés floristiques (hors contexte RTE) issus du département du Loiret. Si la démarche adoptée permet de prendre en compte la patrimonialité (souvent oubliée dans les études scientifiques), les options présentées sont parfois discutables et demeurent perfectibles.