Parmi les diverses variables influençant les assemblages d'espèces végétales et leurs dynamiques, l'abroutissement des cervidés (Cerf et Chevreuil) est un facteur fréquemment invoqué. Cependant, peu de mesures précises et spatialement explicites permettent de valider les hypothèses émises quant au rôle des cervidés. Les objectifs de ce travail sont d'identifier la part attribuable aux cervidés dans (i) les variations spatiales et (ii) les changements temporels des communautés végétales. Les relevés conjoints de flore et d'abroutissement sont un outil permettant de coupler localement la composition floristique avec l'intensité de la pression d'herbivorie. En 2006, nous avons ré-échantillonné 330 des 1035 placettes suivies de la sorte en Forêt Domaniale d'Arc-en-Barrois (Haute-Marne) en 1976. Les gestionnaires ont considérablement réduit les très fortes populations de cervidés présentes dans les années 70. Nous abordons donc dans cette étude la réponse à moyen terme des communautés végétales à une baisse de la pression des cervidés. Une analyse de co-inertie sur l'inventaire de 1976 révèle deux gradients majeurs structurant les communautés végétales: (i) les variables édaphiques et (ii) la pression d'abroutissement. Entre 1976 et 2006, les communautés floristiques ont évolué vers des caractéristiques typiques d'une faible pression d'abroutissement, en cohérence avec la diminution observée de cette pression. De plus, les changements observés dans la composition des communautés végétales sont plus marqués là où la pression d'herbivorie a le plus varié. Ainsi, les cervidés apparaissent comme un facteur non seulement structurant pour la composition mais aussi déterminant pour la dynamique de la végétation forestière.