Quand les espèces se généralisent : un nouveau facteur d'homogénéisation des communautés - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2010

Quand les espèces se généralisent : un nouveau facteur d'homogénéisation des communautés

Vincent Devictor
Frédéric Jiguet
Frédéric Archaux

Résumé

La prise en compte de la dynamique des écosystèmes à larges échelles spatiales et temporelles, et de la dimension évolutive, sont devenues des priorités en biologie de la conservation. De ce fait, l'utilisation d'indices fonctionnels, qui permettent de tenir compte des processus, et non seulement de la structure, des communautés, reçoit une attention croissante. La spécialisation des espèces et des communautés, qui correspond à l'étendue de leur niche sur des gradients de ressources ciblés et facilement quantifiables, constitue de ce fait une métrique attractive, dont l'intérêt a déjà été montré dans le cadre de l'étude des effets de la fragmentation des paysages et des changements climatiques sur les communautés avifaunistiques et floristiques. Directement reliée à la largeur de la niche écologique d'une espèce, la spécialisation est classiquement considérée comme un paramètre variant à l'échelle évolutive, mais non sur le court terme. Utilisant un jeu de données de points d'écoute à grande échelle (STOC-EPS, CRBPO), nous avons étudié les variations temporelles d'un indice de spécialisation à un gradient de fermeture des habitats sur une période de sept ans. Les analyses montrent que (1) les espèces se sont généralisées sur cette période et (2) cette tendance a été plus marquée pour les espèces initialement spécialistes. Cette tendance apparaît enfin densité dépendante : les espèces sont plus généralistes les années de forte densité, probablement en lien avec une capacité des espèces à exploiter une plus grande gamme d'habitats lorsqu'elles sont abondantes. Cette «généralisation» à l'échelle spécifique est logiquement répercutée à l'échelle des communautés, accentuant un résultat précédemment connu et attribué à des tendances populationnelles plus favorables des espèces généralistes que spécialistes (considérant la spécialisation comme un trait fixe). Ce résultat suggère une plasticité, possiblement plus forte qu'attendu, de ces espèces en réponse à des changements rapides ou des disparitions d'habitat. Parmi les questions qui persistent, figure le caractère adaptatif des variations interannuelles de spécialisation. Nos résultats encouragent la prise en compte de variations temporelles rapides de la spécialisation lorsqu'elle est utilisée comme un indicateur de l'état et de la dynamique des communautés en réponse aux changements globaux.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02594572 , version 1 (15-05-2020)

Identifiants

Citer

J.Y. Barnagaud, Vincent Devictor, Frédéric Jiguet, Frédéric Archaux. Quand les espèces se généralisent : un nouveau facteur d'homogénéisation des communautés. Ecologie 2010, Colloque national d'écologie scientifique, Sep 2010, Montpellier, France. pp.184-184. ⟨hal-02594572⟩
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