Pour évaluer l'impact de la populiculture sur la biodiversité des Coléoptères Carabidae, dans les vallées de Champagne-Ardenne, nous avons étudié l'effet du l'usage du sol, au niveau local et paysager, sur les communautés de carabiques, en utilisant un plan d'échantillonnage de 63 placettes, couvrant les vallées de la Seine, de l'Aube et de la Marne, et stratifié par rapport à (i) l'usage local du sol : comparaison de 40 peupleraies cultivées à 12 jachères (considérées comme référent "extensif" pour les milieux ouverts) et 11 forêts sub-naturelles adultes (considérées comme référent "extensif" pour les milieux boisés) ; (ii) l'âge de la peupleraie (20 peupleraies jeunes et 20 peupleraies adultes) ; (iii) la composition du paysage autour des peupleraies : gradient de paysages à dominante agricole jusqu'à populicole. Les communautés de carabiques échantillonnées sont principalement affectées par le niveau d'ouverture du milieu. Malgré sa brièveté, le cycle populicole induit une succession décalée d'espèces de carabiques, avec davantage d'espèces de milieux ouverts dans les stades jeunes et d'espèces forestières dans les stades adultes. Mais certaines espèces restent malgré tout plus abondantes dans les jachères ou les forêts. La proportion de milieux agricoles, et de milieux ouverts en général, favorise la colonisation des peupleraies jeunes par des espèces de milieux ouverts. Par ailleurs, la présence de forêts mature est bénéfique à la colonisation des peupleraies par des espèces forestières spécialistes, tandis qu'une trop forte occupation des vallées par la peupleraie semble réduire cette colonisation dans les peupleraies adultes. En conclusion, l'impact de la populiculture sur la biodiversité des Coléoptères carabiques apparaît modéré à l'échelle locale. Cependant, la préservation des milieux ouverts et forestiers semble primordiale pour la conservation des espèces spécialistes à l'échelle du paysage.