Produits industriels, plastifiants, détergents, hydrocarbures, de nombreux polluants issus des activités humaines sont présents les milieux naturels à l'état de trace. Même en faible concentration, ces micropolluants n'en n'ont pas moins d'effets sur le fonctionnement des écosystèmes. Les stations d’épuration domestiques (STEP) n'ont pas été conçues pour traiter ces substances micropolluantes. 127 substances recherchées Le Cemagref et Suez Environnement ont lancé en 2006 le programme de recherche AMPERES , pour mesurer les concentrations des micropolluants dans les eaux usées en entrée et en sortie de stations et évaluer ainsi les capacités d'élimination des différentes technologies de traitements. 21 stations d'épuration ont été étudiées en France, plus de 200 échantillons prélevés et 5000 analyses ont été effectuées. Des échantillons d’entrée et de sortie de stations d’épuration, ainsi que des échantillons de boues ont fait l’objet d’analyses chimiques sur les fractions solides et liquides. Les substances suivantes ont été recherchées : - 41 substances prioritaires fixées par la DCE - 48 substances chimiques additionnelles comme d’autres métaux, produits de dégradation connus des détergents et pesticides, quelques autres substances d’intérêt récent (ex : triclosan, bisphénol A) - 38 substances émergentes (33 produits pharmaceutiques et 5 hormones) choisies d’après les données de consommation française, les concentrations retrouvées dans les milieux aquatiques et leur toxicité connue. Les stations d'épuration boues activées aération prolongée éliminent à plus de 70% la moitié des substances quantifiées en entrée de station d’épuration. Certaines sont biodégradées (triclosan, hormones, analgésiques), d’autres sont adsorbées sur les boues (HAP et métaux comme Hg, Ni, Cu, Cr, Zn, Cd, Pb). De nombreuses substances sont éliminées grâce aux deux mécanismes (pentabromo-diphényléther, trichlorobenzène, DEHP, alkylphénols, plusieurs pharmaceutiques)..En revanche, plusieurs substances ne sont pas affectées par le passage à travers ces procédés biologiques (rendement 70% pour les procédés avancés comme l’ozonation, la filtration sur charbon actif et l’osmose inverse, assurant un traitement complémentaire de pesticides et composés pharmaceutiques polaires, généralement mal retenus par les procédés biologiques. Réduire les émissions à la source Les résultats du programme de recherche AMPERES ont permis l’acquisition de connaissances et l’évaluation de l’efficacité de réduction des substances prioritaires et émergentes par différentes filières de traitement des eaux usées domestiques. Le projet ARMISTIQ vise à évaluer plusieurs filières de traitement et améliorer la connaissance et la maîtrise de technologies de traitement des substances prioritaires et émergentes présentes dans les eaux usées et les boues urbaines. Certaines substances peuvent être qualifiées de « réfractaires » car partiellement ou pas dégradées et d’autres substances s’accumulent dans les boues. La modification et l’amélioration de certains points de dimensionnement et d’exploitation des filières de traitement (eaux usées et boues) pourraient augmenter les rendements d’élimination de ces micropolluants. Ce projet propose une approche ambitieuse et intégrative, en s’appuyant notamment sur l’expérience analytique acquise, la démarche et les résultats du projet AMPERES. De plus, en lien avec le plan national d’actions sur les résidus de médicaments dans les eaux, il apportera des éléments de connaissance pour orienter les meilleures solutions techniques de réduction des émissions dans l’environnement.