Après un temps de résistance à l’écologisation de leur pratique, chasseurs et forestiers se réapproprient progressivement les référentiels cognitifs et pratiques inventés par des associations de protection de la nature et les spécialistes de la biologie de la conservation et de l’écologie. Malgré des textes de plus en plus normatifs, une grande diversité d’attitudes persiste chez les acteurs de terrains dans leur façon d’intégrer la biodiversité. Cela est facilité par la polysémie de la notion qui peut être vue comme un avantage pour son appropriation ou comme un moyen d’en galvauder le sens. Entre injonction de faire et libre arbitre, chasseurs et propriétaires forestiers possèdent encore des marges de manoeuvre relativement importantes. De fait, s’approprier la notion de biodiversité n’apparaît pas comme une nécessité pour les forestiers et les chasseurs. Néanmoins, elle n’est plus seulement perçue comme un problème mais aussi comme un facteur de résilience vis-à-vis des risques, une contribution éthique à la protection plus générale de l’environnement et à la satisfaction de l’intérêt général. Mais ce changement de regard n’a été possible que par la reconstruction de cet objet selon des critères plus pertinents pour leur activité quotidienne que ceux avancés au début des années 1990. Ils élargissent aussi la conception qu’ils se font de leur rôle en se présentant comme des gestionnaires d’espaces et non plus seulement d’espèces et comme les garants de la biodiversité.