La DCE, qui a force d’application dans tous les états-membres de l’Union Européenne, est passée en application en France métropolitaine à partir de 2005. Elle devrait aussi être mise en application dans les DOM dès le début du Plan de Gestion des masses d’eau à venir (2016-2021), ce qui nécessite au préalable la mise au point d’outils de bio-indication qui leur sont spécifiques. En effet, ces départements sont souvent isolés sur le plan géographique et bénéficient d’un contexte géo-climatique très particulier, ces deux facteurs conduisant à la sélection locale d’espèces et d’assemblages très particuliers. C’est le cas en Guyane, dont les assemblages diatomiques régionaux ont été très peu étudiés et restent grandement méconnus (taux d’endémisme important). Des difficultés locales supplémentaires sont générées par le fait que le territoire est très vaste et très isolé, nécessitant une logistique très spécifique attachée aux missions de terrain, par le fait qu’il n’existe pas sur place de laboratoire de chimie aux possibilités d’analyses suffisamment étendues et enfin, par le fait qu’il n’existe qu’une saison de prospection possible dans des conditions hydrologiques de basses-eaux (saison sèche de Septembre à Décembre), ralentissant d’autant les possibilités d’acquisition de données suffisantes. Dans ce cadre et dans l’attente de genèse d’un nouvel indice diatomique élaboré avec des données abiotiques et biologiques uniquement originaires de Guyane, qui reste la perspective de moyen terme, il a été décidé d’adapter un indice généraliste pré-éxistant à vocation mondiale, l’IPS (Coste, M., 1982), pour évaluer l’état écologique des cours d’eau de Guyane. Un premier travail conséquent et fastidieux, entrepris par une Doctorante affectée au programme (Marta RAMOS), a consisté en la ré-harmonisation a posteriori, souvent synonyme de re-comptage, de tous les inventaires diatomiques intéressants collectés de 1999 à aujourd’hui dans le cadre d’études ponctuelles ou de suivis de réseaux plus réguliers ayant mobilisé l’IRD, Irstea (ex-Cemagref) et les bureaux d’étude Asconit et Hydreco. Un prototype de guide taxonomique, en cours d’enrichissement, facilite d’ores et déjà la réalisation des nouveaux inventaires sur une base harmonisée. Des analyses exploratoires de données, pour l’instant au genre, ont permis de commencer à repérer la structure des assemblages diatomiques par grande région naturelle et leurs préférences écologiques. Sur la base des notes d’IPS, les niveaux de notes de référence ont pu être calculés sur deux grands ensembles naturels (Bouclier Amazonien, regroupement « Plaines du Nord-Marais de Kaw ») et ont permis de décliner 2 grilles d’évaluation basées sur des équivalents de qualité écologique (EQRs). Ces grilles, qui seront publiées dans un Arrêté d’Evaluation à paraître très prochainement, permettront d’évaluer l’état écologique des cours d’eau de Guyane. Ce dispositif provisoire perfectible, dont les limites ont déjà été bien repérées, sera remplacé sur le court à moyen terme (2 à 3 ans) par un dispositif plus pérenne et performant bâti à partir du nouvel indice diatomique Guyanais, qui sera élaboré à partir de données uniquement locales.