Les écosystèmes aquatiques sont menacés par de multiples facteurs de stress environnementaux. Les rejets de substances toxiques telles que les nanoparticules (NP) artificielles dans les systèmes aquatiques et leurs effets sur ces écosystèmes restent mal connus. L'expérience présentée vise à caractériser les réponses structurelles et fonctionnelles des biofilms fluviaux, à l'exposition à des nanoparticules d'argent (AgNP). Ces AgNP sont utilisées largement pour leurs propriétés antibactériennes. Leur présence dans l'environnement aquatique peut résulter de différentes voies de transfert, la principale étant via le rejet d'eaux usées par les stations d'épuration. Des biofilms matures (4 semaines) colonisant des substrats artificiels disposés dans des microcosmes de plein air ont été utilisés. Quatre traitements (5 réplicats chacun) ont ensuite été appliqués : (1) témoin, (2) 50 µg/L d'AgNP enrobées de PVP (50 nm), (3) 25 µg/L d'Ag2S NP (30 nm) vieillies, et (4) 50 µg/L d'AgNO3 en tant que témoin positif (Ag+). L'échantillonnage a eu lieu au début de l'exposition (0h) et après 15 et 30 jours de manière à caractériser les impacts potentiels d'une exposition chronique aux AgNP. Les modifications fonctionnelles et structurelles ont été évaluées à l'aide d'un éventail de critères d'évaluation: activité photosynthétique, biomasse algale, bioaccumulation et caractérisation de la composition des communautés périphytiques par dénombrement des diatomées. Bien que les concentrations en Ag totales dans l'eau soient sous la limite de détection de l'ICP-MS, les biofilms exposés aux traitements (2) et (4) montraient une accumulation de métal aux dernières dates de l'expérimentation. Les réponses structurelles et fonctionnelles mesurées indiquaient des effets variables des traitements, suivant les paramètres considérés et la durée d'exposition. Les biomasses algales mesurées étaient très hétérogènes entre réplicats et traitements en raison de la présence de petits invertébrés brouteurs sur certains substrats. Concernant les diatomées, un impact de tous les traitements était visible à 2 semaines ; une récupération dans le témoin positif Ag+ s'observait cependant à 4 semaines, contrairement aux traitements aux NP où les densités restaient significativement plus faibles et où la mortalité était accrue. Ces résultats soulignent que les AgNP sont potentiellement plus toxiques que les ions argent pour l'écosystème aquatique exposé de manière chronique. Ces changements biologiques contrastent avec le fait que les analyses chimiques ne pouvaient pas détecter le métal total dissous dans l'eau, renforçant la pertinence des essais biologiques comme indicateurs d'alerte précoce.