Cette communication propose un cadrage historique des relations forêt/eau dans la conception du massif forestier des Landes de Gascogne. Sols sableux et jeunesse du réseau hydrographique : les contraintes que rencontrent les peuplements forestiers du plateau landais se déclinent sur les modes de l'excès (hivernal) et du manque d'eau (estival). De ce fait, au cours du XIXe siècle, tous les promoteurs du boisement en Pin maritime ont accordé une place centrale dans leurs écrits aux aménagements à visées hydrauliques. Certaines de ces infrastructures ont une forme remarquablement stable (les routes forestières et leurs fossés) tandis que d'autres ont été profondément repensées voire abandonnées (les projets de canaux). Les pratiques visant à « l'assainissement » des parcelles forestières ont entraîné des transformations discrètes, mais non moins irréversibles des pédoclimats landais : réseaux de drainage avec les « crastes », travail du sol visant à fracturer les couches imperméables de l'alios. Si ces trajectoires sont cohérentes avec les objectifs de productivité du modèle sylvicole landais, elles imposent un package technique particulier, qui sera potentiellement fragilisé par les changements climatiques (risques « incendie » accrus, épisodes de sécheresse plus sévères). En ce sens, les aménagements à visée hydraulique du massif landais sont une des facettes de ce que Marcin Krasnodębski a pu récemment qualifier d'inertie techno-environnementale.