En rouge et noir, la génétique des pois de la coccinelle / In red and black, the genetics of ladybug spots
Résumé
Qu’est-ce qui différencie les coccinelles noires à points rouges des coccinelles rouges à points noirs ? Les enfants – comme les adultes – se sont posé un jour cette question. Les scientifiques aussi. Depuis les années 1920, les travaux se multiplient sur la présence, courante chez les insectes, de motifs colorés distincts au sein d’une même espèce. De grandes figures de la biologie évolutive, comme le généticien Theodosius Dobzhansky ou l’écologiste Michael Majerus s’y sont notamment intéressés.
Un des cas les plus célèbres de coloration a été décrit au XIXe siècle chez un papillon, la phalène du bouleau, au corps entier assombri. On l’a qualifié de mélanisme industriel parce que la mutation qui a rendu l’insecte noir a été concomitante à la révolution industrielle en Angleterre. Un papillon couleur suie a de meilleures chances de survie dans un environnement pollué.
Cependant, chez la plupart des espèces d’insectes concernées par le mélanisme, des motifs noirs discontinus et complexes n’apparaisent que sur certaines parties du corps des insectes. Il en est ainsi chez la coccinelle arlequin, Harmonia axyridis, dite aussi coccinelle asiatique. Cet insecte est le champion du transformisme avec plus de 200 formes de coloration décrites dans les populations naturelles à travers le monde. Ces formes correspondent pour l’essentiel à des variations de zones de couleur noire sur un fond rouge au niveau des élytres, ces ailes antérieures durcies qui recouvrent les ailes postérieures.