Dans le Pays de Caux, le ruissellement et l'érosion produisent de nombreux dégâts. Le retournement des prairies est l'une des causes de leur augmentation. Pour étudier cette question, les auteurs analysent les conceptions d'un groupe d'agriculteurs avec une approche socio-anthropologique. Deux types de fermes sont identifiés : les "managers" qui raisonnent en rentabilité par hectare (marge brute), et les "éleveurs" pour qui le revenu total de l'exploitation est plus important. Ces derniers sont fortement dévalorisés, par les autres comme par eux-mêmes, et les exploitations ne sont généralement pas reprises. Pourtant, leurs prairies sont plus stables que celles des "managers", et leur maintien est important pour lutter contre l'érosion. La Politique Agricole Commune (PAC) ne propose aucune mesure d'aide pour maintenir les prairies de ces "petits éleveurs". Si des subventions locales étaient mises en place, cela pourrait non seulement les aider économiquement, mais aussi participer à une revalorisation de leur statut social. Cela pourrait être une mesure efficace pour lutter contre les risques d'érosion. Les résultats présentés ont été établis pour un petit bassin versant, et doivent être étendus. Au niveau européen, il serait intéressant de construire un réseau d'endroits où faire ce genre d'étude, dans le but de faire des propositions pour la politique agricole commune.