La robustesse du porcelet au sevrage peut être vue comme sa capacité à exprimer des performances de croissance optimales sans manifester de problèmes de santé et ce quels que soient les conditions de sevrage. Dans cette étude, nous avons approché la robustesse au sevrage par les performances de croissance en post-sevrage. L'objectif était d'identifier des variables biologiques mesurées avant et juste après le sevrage qui pourraient servir à prédire la croissance du porcelet au sevrage. A cet effet, des suivis individuels de porcelets (n=288) ont été réalisés sur le terrain dans 16 élevages commerciaux de statuts sanitaires contrastés (mauvais : SAN- ou bon : SAN+). Les porcelets, sevrés à 28 jours d'âge, ont été prélevés à 26 et 33 jours d'âge et pesés à 26, 33 et 47 jours d'âge. Des variables biologiques sanguines (n=64) décrivant l'immunité, le stress, le statut oxydant et le métabolisme ont été mesurés à 26 et 33 jours d'âge. Le GMQ entre 26 et 47 jours d'âge rapporté au poids à 26 jours (GMQR 26-47) a été choisi comme indicateur de performance. Les porcelets ont été classés par rapport à la médiane de leur élevage dans les classes de GMQR 26-47 bas (GMQR-) ou haut (GMQR+). Le statut sanitaire de l'élevage était significativement associé avec 37 des 67 variables sanguines et zootechniques (P<0.05). Le GMQR était associé au nombre de lymphocytes et monocytes à 26 jours, à la concentration sanguine en vitamine A, acides gras libres, créatinine et immunoglobulines M et au nombre de neutrophiles à 33 jours d'âge (P<0.05). Ainsi les porcelets évoluant dans un élevage SAN- montraient une plus grande activation de leur système immunitaire, une plus grande mobilisation de leurs réserves corporelles et un stress oxydant plus important après le sevrage que les porcelets SAN+. S'additionnant à l'effet du statut sanitaire, les porcelets GMQR+ montraient un moins forte mobilisation des réserves corporelles et de plus fortes réserves antioxydantes après sevrage que les porcelets GMQR-. La régression linéaire du GMQR par les variables biologiques retenaient 7 des 64 variables biologiques testées et expliquait 29 % de la variance. Au final, connaissant le poids des porcelets avant le sevrage, il est possible de prédire le poids des porcelets à 47 jours d'âge à partir de variables biologiques mesurées juste avant ou 5 jours après le sevrage (coefficient de corrélation r² de 0.72 avec le poids observé à 47 jours). Ce modèle pourrait probablement être amélioré par l'ajout de nouvelles variables biologiques. Dans tous les cas, sa généralisation nécessitera une validation sur d'autres jeux de données.