Caractérisation des troubles digestifs non spécifiques chez le dindonneau par morphométrie de l'intestin grêle
Résumé
Nous avons cherché à caractériser les troubles digestifs non spécifiques en recrudescence chez le dindonneau par l’étude de sa structure intestinale. Pour cela, nous avons prélevé 304 animaux dans 19 élevages du centre et de l’ouest de la France. Les dindonneaux ont été autopsiés pour différencier les animaux sains, de ceux atteints de troubles digestifs spécifiques, ou non. Nous avons alors analysé la morphométrie du segment intermédiaire de l’intestin grêle (jéjunum) des animaux sains et de ceux atteints de troubles digestifs non spécifiques par une technique histologique (microdissection).
Les animaux présentant des troubles digestifs non spécifiques, c’est-à-dire entérite non spécifique (ENS) ou maldigestion, ont des poids inférieurs à ceux d’animaux sains. L’analyse morphologique intestinale des animaux atteints d’ENS ou de maldigestion montre un moindre développement des villosités intestinales ainsi qu’une augmentation de l’hétérogénéité de la taille de ces structures. Concernant les cryptes intestinales, leur taille n’est pas modifiée en présence d’ENS, alors que leur profondeur augmente dans le cas de maldigestion. Cependant, l’hétérogénéité de la profondeur des cryptes est augmentée lorsque les animaux sont atteints d’ENS ou de maldigestion. Ainsi, en présence de troubles digestifs non spécifiques, la taille des structures fonctionnelles d’hydrolyse et d’absorption de l’intestin (villosités) est diminuée, réduisant ainsi les capacités de digestion de l’intestin. Dans le cas de la maldigestion, l’augmentation de la profondeur des cryptes, lieu de renouvellement cellulaire et de production de mucus, représente un surcoût métabolique pour l’animal qui détourne des nutriments vers le fonctionnement du tube digestif au détriment de sa croissance. Par ailleurs l’hétérogénéité de la morphologie des villosités et des cryptes traduit une dégradation du développement intestinal.
Ces troubles digestifs non spécifiques sont donc liés à de profondes modifications de la structure intestinale qui pourraient expliquer en partie les baisses de poids observées.
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