Le système de production agricole français est appelé à évoluer vers une agriculture plus respectueuse des ressources environnementales. Si la recherche agronomique développe de nouveaux systèmes de culture, leur adoption par la profession agricole peut rester difficile. Cette situation de verrouillage technologique (lock-in) peut s'expliquer par un ensemble de mécanismes Economiques qui contribuent à auto-renforcer un choix productif initialement fait en faveur d'une agriculture reposant sur un usage intensif d'intrants, au détriment d’autres alternatives. La littérature sur la transition agro-écologique des systèmes socio-techniques agricoles montre qu’une solution au déverrouillage du système consiste à créer des marchés de niche au sein des filières classiques de production et de commercialisation. Une meilleure valorisation auprès des consommateurs d'une production à plus haute performance environnementale pourrait ainsi favoriser l’adoption de nouvelles pratiques. Néanmoins, la question reste de savoir comment ce gain de valeur peut se diffuser au travers de la filière et ''remonter'' jusqu'à l'amont, afin de donner aux agriculteurs des Incitations financières suffisantes pour faire le choix de nouvelles pratiques. Ce travail propose d’analyser la structure organisationnelle de la filière blé dur pour en évaluer les caractéristiques qui sont susceptibles de favoriser ou non cette diffusion. Nos résultats tendent à montrer que cette structure est plutôt défavorable à cette diffusion. Cette analyse permet alors de montrer comment la structuration d’une filière peut constituer en elle-même un mécanisme supplémentaire de verrouillage freinant la diffusion de la valeur ajoutée, et décourageant ainsi les investissements nécessaires pour assurer la transition agro-écologique. Pour lever ces blocages, nous proposons des adaptations possibles pour que cette structure organisationnelle puisse assurer une répartition efficace de la valeur.