Avant d'envisager l'incidence des conceptions contemporaines de la nature sur la manière de légitimer et de mettre en oeuvre la protection du patrimoine naturel, l'auteur situe ces conceptions dans une perspective historique. Il fait le constat que dans le cadre conceptuel de la modernité il y avait une nature à protéger. L'homme est alors extérieur à la nature. Il a construit son propre monde et il y a donc séparation de l'homme et de la nature. On est sorti, de nos jours, de ce cadre. L'auteur analyse quelles formes de protection de la nature impliquent ces conceptions que l'on peut voir se dégager. Les hommes et leurs aptitudes, les sociétés et leurs activités, l'humanité elle-même sont en continuité avec la nature. Cela conduit, en pratique, à assimiler la protection de la nature à la satisfaction d'une demande sociale. Actuellement, la protection de la nature a progressivement atténué la séparation entre la nature et les oeuvres de l'homme. L'expérience de la gestion des espaces protégés a contraint à sortir d'une conception de la protection. Il a fallu assumer le caractère hybride des milieux, penser l'insertion de l'homme dans la nature et la nature en perpétuelle évolution. L'enjeu est de savoir si cette protection reviendra à offrir des simulacres de nature à une demande sociale d'espaces sauvages accessibles ou si elle inventera, sur un territoire excédant largement les périmètres protégés, des modes de mise en valeur respectueux de la diversité biologique.