Cette communication porte sur le parcours d’allaitement maternel, analysé ici à travers la notion de « carrière » et comme modalité d’entrée féminine en parentalité (Fine 2001, Cichelli 2003), que nous définissons par le concept de « maternalité » pour rendre compte du processus d’individuation des mères. La « carrière » s’avère un outil sociologique tout à fait pertinent pour caractériser l’expérience d’allaitement qui peut être décrite comme une « entreprise de transformation de soi » (Darmon 2008) s’organisant en différentes phases, depuis l’engagement d’abord théorique (parfois dès avant la grossesse) puis effectif dans un modèle maternel bien plus qu’un simple mode d’alimentation infantile, et sa poursuite en une succession d’étapes qui – si elles sont franchies – permettent aux femmes de continuer à allaiter, d’une part jusqu’au au moment du sevrage, puis d’autre part de renouveler ou non l’expérience à chaque naissance suivante. L’engagement dans cette carrière initiale (primi-carrière) et ultérieure (carrière globale) dépend à la fois de l’appartenance sociale des mères et de leur entourage, du système social, de la période historique avec un contexte évolutif des normes savantes et diffuses relatives à l’allaitement, et des multiples « supports » dont les femmes disposent pour construire leurs pratiques et identité maternelles. L’enquête repose sur un volet qualitatif constitué d’entretiens semi-directifs menés auprès de femmes allaitantes ou non, de milieux sociaux et de profils variés, ainsi que sur un volet quantitatif issu de l’Enquête Longitudinale Française depuis l’Enfance (ELFE).