La chimioperception est nécessaire à la détection des aliments nutritifs et à l’identification des composés toxiques, d’une niche écologique appropriée et des partenaires sexuels. Comme beaucoup d'autres insectes, la mouche du vinaigre, Drosophila melanogaster, possède des capacités chimiosensorielles performantes, la rendant très sensible en lui permettant de détecter et discriminer un large panel de substances chimiques. Chez la Drosophile, cette détection est réalisée par les systèmes chimiosensoriels gustatifs et olfactifs impliquant plusieurs familles de récepteurs. Les composés chimiques volatils et non volatils qui pénétrent les organes sensoriels (sensilles) doivent être solubilisés avant d'être transportés dans la lymphe sensillaire hydrophile afin d’atteindre les récepteurs chimiosensoriels. Ce mécanisme, appelé évènements périrecepteurs, implique plusieurs familles de protéines solubles, parmi lesquels on retrouve les protéines de liaison aux odorants ou « odorant binding proteins » (OBPs). Bien que ces protéines aient été initialement identifiées dans les sensilles olfactives, elles sont également exprimées dans les sensilles gustatives. Alors que le rôle physiologique des OBPs dans l'olfaction et la gustation reste encore peu compris, de nombreuses études suggèrent qu'elles agissent comme des transporteurs de molécules généralement hydrophobes. Une étude récente démontre que l'OBP49a, exprimée dans le système gustatif, est requise pour la détection de composés amers. Afin de déterminer plus précisément le rôle des OBPs dans la perception des aliments et des phéromones chez les adultes de D. melanogaster, nous avons étudié l'OBP19b, exprimée majoritairement dans les sensilles gustatives. Nous avons tout d’abord produit l’OBP19b recombinante en utilisant la levure Pichia pastoris. Les propriétés de liaison de cette OBP ont été étudiées à l’aide d’un test de liaison compétitif en utilisant une sonde fluorescente. Nous avons constaté que l’OBP19b lie la L-phénylalanine d’une manière dose-dépendante. Nous avons ensuite évalué la capacité d’une lignée sauvage et d’une lignée de drosophiles mutantes dépourvues de l’OBP19b à détecter et à discriminer cet acide aminé grâce à un test de comportement nommé CAFÉ assay. Ce test révèle des différences de réponse entre ces lignées montrant que l’OBP19b est essentielle pour la perception de cet acide aminé.