Vin-environnement-santé-justice : Analyse d’une controverse autour du vin bio et de la biodynamie et du rôle du consommateur-citoyen
Résumé
Depuis les années 1980, la viticulture en biodynamie cherche en France à se faire une place aux cotés des systèmes productifs plus conventionnels et d’une viticulture « biologique » récemment instituée. Cet article interroge la compatibilité entre ces conceptions différenciées de la vigne, de ses métiers et de ses produits, défendues diversement par une population étendue d’acteurs. Nous abordons ainsi la viticulture mise en débat au cours d’une série d’échanges entre producteurs, institutions publiques en charge des territoires et terroirs de production, consommateurs et citoyens. De ces interactions émergent aussi des controverses avec en toile de fond la question d’une agriculture sans pesticides. Nous analysons l’une d’entre elles, mise à jour par la condamnation (avril 2014) puis la relaxe (décembre 2014) d’un viticulteur en biodynamie, Emmanuel Giboulot, opposé au traitement obligatoire et préventif de la flavescence dorée. Deux séquences thématiques rythment cette controverse, chacune d’elles conduit à la conception d’une cartographie des liens et des oppositions entre les parties prenantes. Nous montrons qu’une question circonscrite au départ aux mondes viticole et agricole prend tout son sens lorsque le consommateur-citoyen est interpelé.