Cet ouvrage est le fruit d’une sollicitation du comité N,P,C, à laquelle nous avons décidé de répondre en faisant appel à un groupe d’experts. Il vise à apporter une référence collective et consolidée sur les légumineuses, afin d’alimenter la réflexion globale sur les sources protéiques et la gestion de l’azote au niveau du territoire français.
Le comité N,P,C a été créé en 2011 par les ministères en charge de l’agriculture et de l’écologie. Il a une composition « grenellienne » avec quatre collèges principaux : les représentants de l’État, les représentants du monde agricole et agroalimentaire, les représentants des instituts techniques et des organismes de recherche, et les représentants des associations de défense de l’environnement. Ce comité est une instance d’échanges sur les travaux nécessaires en matière de gestion de l’azote, du phosphore et du carbone. L’objectif général est de dégager un consensus technique le plus large possible sur des sujets pouvant servir de base à l’action publique. Plus précisément, le comité contribue à la production de préconisations et de références techniques consensuelles, validées au niveau national, références sur lesquelles l’administration peut s’appuyer pour établir ses politiques publiques et ses normes administratives[1]. Ainsi, cette publication s’inscrit directement dans ce cadre.
Les légumineuses, fourragères et à graines, se démarquent des autres plantes cultivées principalement par leur alimentation azotée. Cependant, en tant que pilotes du projet, nous avons vite senti le besoin de dépasser le seul thème azote pour prendre en compte tous les processus qui sont en interaction avec le fonctionnement des légumineuses et l’utilisation de leurs produits de récolte.
Nous avons donc agrégé les connaissances de différents experts pour couvrir toutes les facettes du sujet et permettre à des non-spécialistes de comprendre les spécificités des légumineuses aux différentes échelles d’analyse. En préalable, une photographie actuelle de la situation française pour les légumineuses est donnée, avec un repositionnement dans le temps et sur la scène internationale. Ensuite, la progression des chapitres de l’ouvrage suit l’élargissement du champ d’étude depuis les mécanismes agrophysiologiques spécifiques de la plante de légumineuse pour aller jusqu’aux analyses socio-économiques des systèmes agroalimentaires. En s’appuyant sur la littérature scientifique et technique disponible aux niveaux national et international, chaque chapitre apporte les éléments de connaissances sur les processus spécifiquement liés aux légumineuses pour, respectivement, la production végétale, la production animale, la nutrition et santé humaine et les activités socio-économiques du système agroalimentaire en France. L’étape finale a été d’identifier les enseignements que l’on pouvait tirer de l’ensemble de ces connaissances.
Cette compilation permet de montrer les services que peut rendre l’utilisation des légumineuses dans les systèmes de production agricoles et pour l’alimentation humaine, mais aussi les limites et les besoins de connaissances et d’innovations. Pour plagier Armstrong, cet ouvrage a même failli s’intituler Légumineuses : un petit pois pour l’homme, un grand pas pour l’humanité. Il avait effectivement prononcé ces mots quelques années avant l’embargo américain sur le soja de 1973 qui déclencha les importants travaux sur les légumineuses en France et en Europe.
Cet ouvrage est ainsi la résultante d’une sollicitation initiale. Il fournit une analyse à un temps donné de l’histoire des systèmes agroalimentaires, dépendante du contexte économique et environnemental et des connaissances disponibles. Il demande donc une réactualisation permanente. C’est un condensé qui donne du grain à moudre pour analyser la contribution possible des légumineuses à l’équilibre agroécologique des systèmes agricoles et alimentaires français.
Nous ne pouvons avoir la prétention de synthétiser l’ensemble des connaissances en un nombre limité de pages, même si ce type de mini-encyclopédie est unique en son genre par son sujet et une approche qui se veut à la fois factuelle et à visée opérationnelle. L’ouvrage appellerait volontiers des développements ultérieurs, que ce soit pour prendre en compte les avancées des connaissances, bénéficier de la nécessaire maturation de l’expertise multidisciplinaire, considérer les évolutions des besoins des acteurs du monde agricole et de la société, ou mettre en débat certains points développés dans les pages qui suivent.
Nous remercions chaleureusement chacun des contributeurs pour avoir apporté leur pierre à l’édifice, dans un contexte uniquement informel, et tout spécialement les coordinateurs de chapitres pour avoir orchestré l’alimentation des différentes thématiques de cet ouvrage collectif.
Nous sommes reconnaissants aux commanditaires, les membres du comité N,P,C, pour l’initiation du projet, et à nos organismes respectifs, l’Inra, l’Unip-Cetiom et le MAAF, pour avoir accordé du temps pour le pilotage du projet. Nos remerciements sincères vont également au ministère français en charge de l’agriculture et de l’agroalimentaire pour son soutien à la publication de cet ouvrage. Il se décline en deux versions : un document relié mais également un ouvrage électronique, dont nous espérons une large diffusion au sein des instances d’enseignement agricole et de développement agricole, clés de voûte du changement des approches permettant une évolution vers plus de durabilité.
Anne Schneider, Hacina Benahmed, Christian Huyghe