La consistance politique des animaux
Résumé
Un nombre important de travaux sociologiques se sont attachés à décrire et à analyser la place des profanes dans la production des savoirs et des décisions scientifiques et techniques. Pourtant, peu de sociologues ne semblent avoir développé cette question dans l’exercice même de leurs pratiques de recherche. Si la question de l’implication du sociologue dans le monde de l’action est souvent posée (recherche-action), celle de l’implication des acteurs dans le processus de production de la connaissance sociologique ne dépasse rarement les problèmes méthodologiques de l’entretien ou de l’observation. En nous appuyant sur une recherche portant sur la construction de l’action publique environnementale liée aux populations de loups en France, nous proposons ici d’approfondir les questions d’interactions entre le monde de l’action et le monde de la recherche dans la production des connaissances sociologiques sur l’action publique. Il convient dans cette communication de développer les raisons et les manières de prendre au sérieux l’implication des enquêtés, des commanditaires et autres partenaires dans notre propre pratique de recherche sur la construction de l’action publique liée à la question loups. Sur la base de plusieurs expérimentations offrant aux enquêtés un droit de regard et de réaction sur leurs propres propos et sur les résultats intermédiaires produits par le sociologue (envoi à l’enquêté de son entretien retranscrit, envoi de résultats intermédiaires,…), nous proposons ici d’étendre la réflexion sur les relations qui lient le sociologue à ses interlocuteurs pour voir dans quelle mesure l’ouverture de l’atelier du sociologue permet la production d’une connaissance plus satisfaisante pour la recherche et mieux mobilisable pour l’action.