L’agriculture est de plus en plus soumise à des exigences environnementales qui se traduisent par de nouvelles normes. Si une minorité d’agriculteurs a déjà effectué une transition vers des formes plus environnementales comme l’agriculture biologique et la production intégrée, de nombreux autres devront dans les prochaines années se soumettre à l’injonction de réduire la quantité de pesticides utilisés, et leur impact environnemental. A partir d’enquêtes confrontant des territoires et en leur sein, des agriculteurs ayant déjà amorcé ou non de telles transitions, la question de la place de l’environnement dans ces transitions sera analysée. L’approche par les trajectoires d’agriculteurs permet de restituer l’articulation des aspects proprement biographiques, des éléments contextuels et en particulier réglementaires et économiques, des changements techniques, des évolutions dans l’appartenance à des réseaux, des apprentissages effectués. Il s’agit de comprendre comment l’injonction environnementale redéfinit les pratiques agricoles mais aussi la place de l’agriculteur dans son milieu professionnel, ainsi que les relations au monde non agricole. L’effet de cette injonction environnementale sera décrit soit comme un processus de substitution de pratiques sans changement global des conceptions, que l’on peut rapporter à la notion de modernisation écologique, soit à un processus de redéfinition plus globale qui relève davantage d’une écologisation des pratiques et des conceptions.