Les conséquences sociales de la stérilité au Cameroun
Résumé
L’intérêt des démographes pour les niveaux de stérilité africains est nourri depuis longtemps par le fait que l’on observe sur ce continent des taux incomparablement plus élevés qu’ailleurs et notamment au nord. Les implications que ces niveaux de stérilité peuvent avoir sur le processus de transition démographique constituent d’ailleurs un enjeu de l’observation alors que le déclin de la fécondité ne fait que commencer. L’objet de cette contribution est d’approcher les conséquences sociales et psychologiques de la sous-fécondité féminine en Afrique. D'une part du point de vue dont elle façonne les rapports de couple, et d'autre part de celui dont elle oriente les destinées féminines. Elle se focalise sur un pays, le Cameroun, qui appartient à la ceinture des pays d'Afrique Centrale qui étaient réputés pour leur sous-fécondité dès les années 1950. Les taux de stérilité y étaient jusqu'au début des années 80, trois fois plus élevés que dans le reste de l'Afrique (Caldwell,1983). Après un bref rappel de l'ampleur avec laquelle le Cameroun a été touché, nous présenterons la manière dont la stérilité affecte la construction identitaire féminine. Nous rapporterons ensuite le vécu du risque de stérilité et ses implications sociales, à partir des résultats d’une enquête biographique menée en 1995-96 auprès de femmes camerounaises appartenant aux dernières générations féminines particulièrement touchées par ce phénomène, et au moment où ces cohortes atteignent la fin de leur vie féconde.