Les bases fonctionnelles des interactions entre plante et insectes piqueurs suceurs tels les pucerons restent mal connues malgré l’impact de ces ravageurs en agriculture. Dans le cadre de la caractérisation fonctionnelle de l’interaction entre le puceron Myzus persicae, espèce modèle en écologie, et son hôte primaire, le pêcher (Prunus persica L. Batsch), espèce modèle pour l’étude des Rosacées, nous avons mis en oeuvre une démarche d’analyse du métabolome sur les apex de pêcher, site d’alimentation privilégié de l’insecte. Nous avons étudié, par spectroscopie de RMN du proton et analyses HPLC ciblées sur les principaux pools de métabolites primaires et secondaires hydrosolubles, les modifications de profil métabolique induites par l’infestation dans les apex de deux variétés de pêcher, sensible (GF305) ou résistante (Rubira) à M. persicae [1,2]. L’analyse en composante principale de la signature spectrale obtenue par RMN et les analyses en HPLC révèlent de profondes modifications des profils métaboliques chez la variété résistante 48 heures après l’infestation : on observe notamment une baisse de la teneur de la plupart des sucres et acides organiques, de certains acides aminés (glutamine, proline, thréonine) alors que les teneurs en acides aminés ramifiés (leucine, isoleucine, valine) et aromatiques (phénylalanine, tyrosine) et en métabolites secondaires (composés phénoliques et cyanogéniques) augmentent. Les modifications observées chez la variété sensible sont faibles et pour la plupart divergent de celles observées chez la variété résistante. Ces résultats permettent d’émettre des hypothèses sur les voies métaboliques impliquées dans la réponse à l’infestation et sur la nature des effecteurs pouvant jouer un rôle dans la résistance induite chez Rubira. Cette étude met en lumière l’apport de l’approche métabolomique pour l’étude des interactions plante – insectes piqueurs suceurs.