Cette communication part d'un constat : tandis que l'emploi industriel décline très fortement en zone urbaine, il se maintient dans les zones rurales. Pour expliquer ce phénomène, les auteurs avancent l'hypothèse d'une mise en oeuvre différenciée du changement technique par la firme selon sa localisation spatiale. Ils rappelent les fondements théoriques de la notion de biais technologique, puis analysent les raisons d'une différenciation spatiale de ce biais : accès des firmes à la technologie et différences dans les coûts relatifs des facteurs. Un modèle de demande de travail est ensuite proposé, dont la validation empirique comprend deux étapes. La première conduit à comparer selon les différents types de zone (urbain, périurbain, rural) les évolutions relatives de l'activité et le partage entre productivité apparente du travail et niveau des effectifs. La seconde consiste à estimer une fonction de production pour connaître la contribution relative des différents facteurs de production (capital, travail qualifié, travail non qualifié) à la productivité de la firme. Ces estimations sont réalisées sur la base d'un panel de firmes individuelles de l'agro-alimentaire, observées sur la période 1987-1992. Il apparaît une nette différenciation entre les firmes urbaines et péri-urbaines, d'une part, pour lesquelles le travail qualifié et les équipements apportent la contribution la plus nette, et les firmes rurales d'autre part, au sein desquelles l'emploi non qualifié continue à jouer un rôle prédominant.