Faire ses courses alimentaires en 2025 en France : vers une distribution liquide ?
Résumé
En 2013, les six principaux groupes de la grande distribution (Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché – Groupe les Mousquetaires –, Leclerc et Système U) représentent 87,4 % des ventes alimentaires en France (source Kantar Worldpanel). En 2012, les français plébiscitent toujours la grande distribution avec un taux de fréquentation des hypermarchés et des supermarchés de respectivement 90,5 et 80,2 % (Dembo et al., 2012). De fait, les distributeurs façonnent les modes d’approvisionnement des français. Pourtant, peu de recherches explorent leur place dans la société, le rôle qu’ils se définissent ou qui leur est attribué. Ce dernier a souvent été analysé de manière réductrice, en se focalisant sur les bénéfices principalement utilitaires, plus récemment sociaux et psychologiques, que le consommateur retire de sa fréquentation des canaux de distribution (Wilkie et Moore, 1999). Bien que ce type de recherches ou celles dédiées au commerce de détail évoluent et prennent en compte une nature plus proactive du distributeur (Barbat et al., 2012 ; Loussaïef et al., 2014), trop peu de travaux portent sur l’impact du distributeur sur la société et la qualité de vie (Hirschman et Stampfl, 1980).
Cette influence, sous exploitée par la recherche mais amplement médiatisée, est de nature à engendrer des réactions de la société civile. D’une part, les consommateurs peuvent se montrer méfiants et se détourner des grands distributeurs en tant qu’institution symboliquement chargée (Fosse-Gomez et Özçaglar-Toulouse, 2009) au profit de modèles alternatifs (Merle et Pietrowski, 2012 ; Lamine, 2008 ; Hérault-Fournie…