La viticulture doit faire face à différents enjeux agronomiques et environnementaux, sous peine de voir sa durabilité menacée. La protection des sols est notamment un enjeu majeur pour la durabilité des vignobles [1-4], car ils sont un élément clé pour la production viticole et constitutif du concept de terroir [5-7]. Le changement climatique affecte également la viticulture et impose de penser à des pratiques alternatives [8,9].Les services écosystémiques correspondent aux avantages socio-économiques retirés par l’homme de son utilisation durable des fonctions écologiques des écosystèmes [10]. Les écosystèmes agricoles ont un objectif clairement identifié de produire de la nourriture, des fibres et de l’énergie (services d’approvisionnement). Pour autant, ils sont susceptibles de fournir d’autres services de régulation et conservation ou culturels (figure 1) qui dépendent des fonctions écologiques réalisées par les organismes [10,11]. Les « cultures de services » (CDS) sont cultivées dans les vignobles pour la fourniture de services écosystémiques non marchands. Dit autrement, elles ne sont ni récoltées ni exportées de la parcelle, mais restituées au sol. Les CDS permettent de protéger les sols de l’érosion, de réguler les populations d’adventices et ravageurs, de réguler les maladies, d’augmenter l’infiltration de l’eau dans les sols et d’améliorer leur qualité, d’assurer leur portance, d’entretenir leur biodiversité, et de contribuer à la séquestration de carbone  [12-16]. L’association de couverts végétaux avec la vigne peut également générer une compétition pour les ressources du sol [17-19]. Les risques de stress et de perte de rendement de la vigne associés sont souvent les premières raisons de non-adoption de cette pratique. Ils dépendent fortement du contexte technique et pédoclimatique des vignobles [20-22]. En ce sens, la forte variabilité des pratiques au sein des régions viticoles révèle de nombreuses incertitudes quant à la gestion des CDS pour satisfaire les objectifs de production et les services environnementaux [20, 23]. Le terme « cultures de services » permet de souligner l’importance de considérer ces communautés de plantes comme des cultures à part entière à piloter pour obtenir les compromis recherchés. L’objectif de cet article est de proposer un cadre d’analyse pour le pilotage des CDS dans les vignobles. Nous discutons ici de l’équilibre entre services et dysservices et leur dépendance au contexte, ainsi qu’aux leviers de pilotage dont disposent les viticulteurs et viticultrices.