Conséquences d’un stress thermique survenant pendant la période pré-ovulatoire chez la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss) sur les réponses émotionnelles et cognitives de la progéniture
Résumé
In the current context of climate change, farmed fish are often exposed to suboptimal temperatures,
which can affect the quality of the eggs. This exhibition takes place during the breeding season.
Although the direct consequences of maternal thermal stress on survival and embryo malformations are
well known, the longer-term impacts on the behavioral plasticity of the offspring are completely
unexplored. In order to answer questions, rainbow trout females were exposed to normal temperature (12
° C, batch 12C) or high (17 ° C, batch 17C) at the end of oogenesis. Between 75 and 138 dpf, the
offspring of these females were subjected to tests for the evaluation of adaptive behaviors. We evaluated
the propensity to express fear-related behaviors in a variety of contexts: a social isolation test in a new
environment (eg, novel-tank test), a sudden test (release of a marble) and a sudden exploration test. We
also evaluated the learning abilities of fish in a spatial learning task in a T-Maze. The results showed that
heat stress during oogenesis resulted in increased embryonic mortality. The offspring of females raised at
17 ° C show a form of emotional blunting in behavioral tests. They seem less reactive to isolation, and
show less apprehension in the face of a new object and a new environment. Moreover, it shows a slower
acquisition capacity of a spatial learning task. These results reveal the harmful and non-adaptive
behavioral consequences for young trout following a thermal stress experienced by their mother before
spawning. This study raises the importance of better understanding and preventing the long-term effects
of global warming on behavioral plasticity and consequently on the welfare of farmed fish.
Dans le contexte actuel de changement climatique, les poissons d’élevage sont souvent exposés à
des températures suboptimales ce qui peut impacter la qualité des œufs lorsque cette exposition a lieu en
période de reproduction. Si les conséquences directes d’un stress maternel d’origine thermique sur la
survie et les malformations des embryons sont bien connues, les impacts à plus long terme sur la
plasticité comportementale des descendants sont totalement inexplorés. Afin de répondre à ces questions,
des femelles truites arc-en-ciel ont été exposées à une température normale (12°C ; lot 12C) ou haute
(17°C ; lot 17C) en fin d’ovogénèse. Entre 75 et 138 dpf, la progéniture de ces femelles a été soumise à
des tests pour l’évaluation des comportements adaptatifs. Nous avons évalué la propension à exprimer
des comportements liés à la peur dans divers contextes : un test d’isolement social en environnement
nouveau (e.g. novel-tank test), un test de soudaineté (chute d’une bille) et un test d'exploration. Nous
avons également évalué les capacités d'apprentissage des poissons lors d’une tâche d'apprentissage
spatial dans un labyrinthe en T. Les résultats ont montré que le stress thermique pendant l'ovogénèse
entraîne une augmentation de la mortalité embryonnaire. Les descendants des femelles élevées à 17°C
montrent une forme d’émoussement émotionnel lors des tests comportementaux. Ils semblent moins
réactifs à l'isolement, et montrent moins d’appréhension face à un nouvel objet et à un nouvel
environnement. Par ailleurs, ils montrent une capacité d’acquisition plus lente lors d’une tâche
d'apprentissage spatial. Ces résultats révèlent les conséquences comportementales néfastes et non
adaptatives pour les jeunes truites suite à un stress thermique rencontré par leur mère avant la ponte.
Cette étude soulève l’importance de mieux comprendre et de prévenir les effets à long terme du
réchauffement climatique sur la plasticité comportementale et par conséquent sur le bien-être des
poissons d’élevage.