Introduction et but de l'étude: Il est établi que des tailles de portions majorées peuvent inciter les enfants à consommer au-delà de leurs sensations de faim, altérer leurs capacités d'autorégulation de la prise alimentaire et in fine induire un surpoids. Aussi les enfants sont-ils dépendants de l'offre alimentaire proposée par leur parent. Pour autant, peu d'études se sont intéressées à la façon dont les parents déterminent la taille des portions servies à leur enfant. Matériel et méthodes: Au moyen d'entretiens semi-directifs réalisés auprès de 5 pères et 32 mères d'enfants de 3 à 5 ans, nous avons cherché à décrire les pratiques parentales de détermination de la taille des portions servies. En outre, nous avons exploré la théorie de la « répartition de la responsabilité » entre le parent et l'enfant, théorie selon laquelle les parents sont les principaux responsables du choix des aliments servis à l'enfant, du lieu et du moment des repas. En revanche, c'est à l'enfant de décider des quantités à consommer en fonction de ses sensations internes de faim et de rassasiement. Résultats et Analyse statistique: L'analyse thématique des verbatims a permis de révéler un large éventail de pratiques. Pour autant, la détermination de la taille des portions reste une pratique très intuitive (ex. « au pif ») qui dépend des habitudes, de l'expérience et de l'expression de l'appétit de l'enfant. Fait notable, peu de parents laissent l'enfant décider des quantités à consommer notamment pour le premier service de chaque composante des principaux repas, et dans une moindre mesure pour le petit déjeuner et le goûter. De nombreux facteurs modulent ces pratiques, liés à l'enfant (ex. appétit, préférences), aux valeurs des parents (ex. éviter le gaspillage) et à des facteurs externes (ex. Modèle du repas à la française). Enfin, il est à souligner que peu de parents sont demandeurs de recommandations sur les tailles de portions. Conclusion: Les parents ont un rôle à jouer pour stimuler et préserver les capacités d'autorégulation de la prise alimentaire de leur enfant. Cette étude a permis d'identifier les barrières individuelles et culturelles mais aussi les leviers (en particulier, meilleure connaissance des capacités de régulation de l'enfant, attention portée aux sensations de faim et de rassasiement) pour guider les parents dans le choix de portions adaptées et pour les inciter à impliquer davantage l'enfant dans ce processus décisionnel.