Susceptibilité génétique à l’obésité, restriction parentale vis-à-vis de l’alimentation et croissance des enfants
Résumé
Introduction et but de l’étude: Plusieurs études montrent que les pratiques parentales vis-à-vis de l’alimentation sont
associées au statut pondéral de l’enfant. La restriction parentale vis-à-vis de l’alimentation est souvent considérée
comme une pratique favorisant l’obésité. Des études récentes suggèrent que cette pratique pourrait également être une
réponse des parents à un statut pondéral trop élevé de l’enfant. De plus, d’autres études ont montré que, chez l’adulte, la
restriction alimentaire constitue un facteur modérateur du lien entre la susceptibilité génétique à l’obésité et l’IMC. Dans
ce contexte, cette étude longitudinale avait pour objectifs d’analyser 1/ le lien entre la restriction parentale vis-à-vis de
l’alimentation à 2 ans et l’IMC de l’enfant entre 3 et 5 ans et 2/ le rôle potentiellement modérateur de cette pratique dans
l’association entre la susceptibilité génétique de l’enfant à l’obésité et l’IMC de l’enfant entre 3 et 5 ans.
Matériel et méthodes: 1246 enfants de la cohorte EDEN (Étude des Déterminants pré et post natals de la santé de
l'ENfant) ont été inclus dans cette étude. Un score de susceptibilité génétique à l’obésité a été calculé à partir de 16
polymorphismes identifiés comme associés à l’obésité de l’enfant dans les études génome-entier. La restriction parentale
vis-à-vis de l’alimentation a été recueillie par auto-questionnaire aux 2 ans de l’enfant à l’aide du Child Feeding Practices
Questionnaire. Le z-score OMS d’IMC-pour-âge a été calculé à 3, 4 et 5 ans à partir des données de poids et de taille
prédites grâce à des modélisations individuelles (modèle de Jenss-Bayley). Les associations entre la restriction parentale
vis-à-vis de l’alimentation à 2 ans et les z-scores d’IMC entre 3 et 5 ans ont été évaluées à l’aide de régressions linéaires
multiples incluant les principaux facteurs d’ajustement, comprenant notamment le z-score d’IMC à 2 ans. Les interactions
entre la susceptibilité génétique de l’enfant à l’obésité et la restriction parentale vis-à-vis de l’alimentation ont été testées
pour chaque paramètre de croissance considéré : les analyses ont été stratifiées le cas échéant.
Résultats et Analyse statistique: Le score de restriction parentale à 2 ans était associé à un z-score d’IMC de l’enfant
plus élevé entre 3 et 5 ans. Une interaction existait entre la susceptibilité génétique de l’enfant à l’obésité et le score de
restriction, pour prédire le z-score d’IMC à 3 ans (p d’interaction=0,07), mais cette interaction s’atténuait avec l’âge de
l’enfant (p=0,1 à 4 ans et p=0,2 à 5 ans) : une plus grande susceptibilité génétique à l’obésité était associée à un IMC
plus élevé uniquement lorsque les parents exerçaient peu de restriction sur l’alimentation de leur enfant.
Conclusion: Comme déjà décrit chez les adultes, la restriction parentale vis-à-vis de l’alimentation semblait atténuer
l’association entre la susceptibilité génétique à l’obésité et l’IMC de l’enfant. Des études supplémentaires sont
nécessaires afin étudier l’effet à long terme de la restriction parentale vis-à-vis de l’alimentation.