Effets d’une exposition alimentaire, périnatale et chronique alimentaire, à des doses réglementaires de glyphosate sur l’axe microbiote intestinal-intestin-foie
Résumé
Contexte
Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé au monde. L’exposition des consommateurs au glyphosate est principalement alimentaire et soulève des questions sur les conséquences potentielles pour la santé. Nous avons évalué l’effet d’une exposition alimentaire à des doses réglementaires de glyphosate chez la souris, ainsi que sur le microbiote humain.
Méthodes
Des souris mâles et femelles C57Bl6/J ont été exposées au glyphosate à la Dose Journalière Admissible (DJA) ou à la dose sans effet nocif observable (NOAEL) in utero, pendant la lactation puis jusqu’à 3 mois. Les conséquences pour le microbiote intestinal ont été évaluées par séquençage 16S ; les effets métaboliques par dosages biochimiques plasmatiques, histologie hépatique et transcriptomique hépatique ; la perméabilité intestinale (colique) par chambres de Ussing et l’inflammation intestinale par dosage de la lipocaline 2 fécale. Les effets sur le microbiote humain ont été évalués in vitro, en utilisant le MiniBioReactor Array.
Résultats
Le glyphosate a induit une augmentation de l’alpha-diversité et des changements significatifs de la composition du microbiote intestinal murin et humain, même à très faible dose (50 nM dans le MBRA). Chez la souris, l’exposition au glyphosate n’influence ni le poids, ni la tolérance orale au glucose. Les souris traitées au glyphosate présentent cependant des différences significatives dans les taux de lipides circulants (diminution des triglycérides, des LDL-cholesterol et du cholesterol total), et une augmentation de l’expression des gènes hépatiques impliqués dans le métabolisme lipidique (lipogénèse de novo). Au niveau intestinal, la perméabilité colique n’a pas été perturbée mais les niveaux de lipocaline 2 étaient significativement plus élevés à la plus forte dose de glyphosate (NOAEL).
Conclusions
Le glyphosate impacte significativement le microbiote intestinal murin et humain. Une exposition chronique alimentaire a des effets limités, mais significatifs, sur le métabolisme lipidique, associés notamment à des changements d’expression des gènes hépatiques.