Allélochimie et compétition de la renouée du Japon (Reynoutria japonica) vis-à-vis de plantes candidates à des stratégies de lutte écologique contre des plantes invasives
Résumé
La renouée du Japon (Reynoutria japonica) est une plante invasive. Sa capacité
colonisatrice s’explique à la fois par des mécanismes de compétition mais aussi d’allélochimie. Le
contrôle de l’expansion de cette plante est très couteux. C’est pour cela que SNCF réseau a mis en
place le projet Recherche sur les Espèces Exotiques Végétales EnvahissanteS (REEVES). En
parallèle d’essais de terrain, ce rapport s’intéresse aux essais en laboratoire visant à étudier les
interactions compétitives et allélochimiques entre plantes. Pour cela, trois plantes de restauration
ont été mise en présence de la renouée : le dactyle (Dactylis glomerata), l’épine-vinette (Berberis
vulgaris) et le trèfle (Trifolium pratense). Un dispositif original a été développé pour piéger les
composés allélochimiques régulant dans les interactions entre plantes.
Ces expérimentations ont deux objectifs. Le premier est d’évaluer la résistance des plantes
de restauration face à la présence de la renouée du Japon. Nos résultats montrent que le choix des
trois espèces a été judicieux. Alors que la présence de la renouée n’influence pas la germination
du dactyle et du trèfle, elle a même tendance à augmenter leur croissance, certainement via des
composés allélochimiques. Cependant, la renouée réduit l’accumulation de biomasse chez le
trèfle. Le deuxième objectif est d’évaluer le potentiel de restauration des trois espèces contre la
renouée. Bien que la renouée soit une plante avec un fort potentiel d’invasion, nos travaux
permettent d’identifier quelques pistes encourageantes pour mettre en place une méthode de
restauration. Deux des trois espèces que nous avons retenues réduisent différentes étapes du
développement de la renouée. L’épine-vinette est sans aucun doute la plante la plus à même de
lutter contre la renouée, notamment grâce à l’émission de composés allélochimiques, en réduisant
directement son taux de germination, sa croissance en diamètre ou encore son nombre de feuilles.
A l’exception du taux de germination, le dactyle présente des effets similaires bien que parfois
non significatifs. De plus, en fin de croissance, le dactyle réduit significativement la balance
azotée de la renouée indiquant ainsi l’induction d’un stress. Nous émettons l’hypothèse que le
dactyle agit principalement via des processus de compétition.
Ces deux objectifs et les résultats associés permettent d’ores et déjà de réfléchir à des
plantes adaptées à la mise en place d’une méthode de restauration. Prochainement, les analyses
des profils allélochimqiues et les analyses pédologiques permettront de tester les modes d’actions
par allélochimie et par compétition de l’épine-vinette et du dactyle, respectivement. Afin de
développer des méthodes de restauration efficace, des recherches sont maintenant nécessaires
pour tester des combinaisons entre plusieurs espèces de restauration agissant pas différents modes
d’actions et permettant de réduire le développement de la renouée à différentes étapes de son
cycle.
Domaines
Biodiversité et Ecologie
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)