Le REH, un outil pour observer les résultats de potentiel de lessivage des champs cultivés et construire pas à pas des territoires produisant de l’eau « propre »
Abstract
In the water catchment areas of metropolitan France, the current strategy for obtaining water with low nitrate content consists of seeking to generalize a good practice, for example by providing individual technical support to farmers on integrated fertilization, monitoring their practices and their evolution, or analyzing their compliance with the good practice put forward. Already in place with Ferti-Mieux since the 1990s, this strategy has not produced convincing results in terms of water quality.
In Brienon (Yonne), in 2010, the partners of this water catchment area chose to work with a logic of results and open innovation, via a project co-constructed by the actors of the territory: the water syndicate (REGATE) and the local farmers.
To observe the potential for nitrate leaching, since 2012, the amount of soil mineral nitrogen content in mid-autumn (N content) has been measured on more than a hundred plots, i.e. 1 plot out of 4 or 5, each year. It is the preferred indicator of results at the field level to predict nitrate losses in the field, at the farm level and at the territorial level.
In order to obtain low soil N content in mid-autumn, after having worked in design workshops, the farmers chose to engage in the generalization of catch crops in order to have covered soils as early as September, i.e. 2 months before the beginning of drainage. The soil N content measurements were thus completed by observations and rapid measurements of nitrogen absorbed by the cover crops in autumn.
The results of this observatory of fields are rapidly shared each year with local farmers and with the project's governance body, via a dynamic interactive animation. Very quickly, farmers who were already doing low-nitrate water in 2010 felt encouraged, and most grain farmers who were initially unsuccessful managed to get low soil N content, via their quick learning of cover crop success.
However, the cover crops proved insufficient in all or part of the fields on some farms, given the large amount of nitrogen available in the soil in summer and autumn. The joint mobilization of soilt N content and N uptake measurements, accumulated since 2012 then allowed us to characterize the nitrogen available in summer and autumn for the whole crop rotation in more than half of the plots of the AAC, and to provide farmers with valuable information on the dynamics of nitrogen and its variation between fields on the same farm. Thanks to this knowledge, changes were made by farmers, and the territory managed to reach its outcome target as early as 2017, as shown in the year's dashboard, a tool used to support project governance.
In order to consolidate these first results, since 2018, several farmers have been mobilizing this fine knowledge of available nitrogen in their cultivated fields to review nitrogen management on their farms, in order to regularize the good results at the territory scale.
The soil N content in mid-autumn is thus proving useful in the dynamic management and success of this territory's project, by making it possible to recognize farmers who initially emit little nitrate, and by tracking down innovations, in other words field practices where water quality is good even though the farmer has not adopted the flagship practice put forward. Combined with observations of nitrogen uptake, to estimate the nitrogen available each year in cropping systems, Soil N content in mid autumn is essential today to support farmers who struggle to change their practices.
Dans les aires d’alimentation de captage en France métropolitaine, la stratégie courante pour avoir de l’eau peu chargée en nitrate consiste à chercher à généraliser une bonne pratique, en faisant par exemple de l’appui technique individuel aux agriculteurs sur la fertilisation raisonnée, à suivre leurs pratiques et leur évolution, ou à analyser leur conformité avec la bonne pratique mise en avant. Déjà en place avec Ferti-Mieux depuis les années 1990, cette stratégie n’a pas donné de résultats probants en matière de qualité de l’eau.
À Brienon (Yonne), en 2010, les partenaires de cette aire d’alimentation de captage d’eau potable ont choisi de travailler dans une logique de résultats et d’innovation ouverte, via un projet co-construit par les acteurs du territoire : le syndicat d’eau (REGATE) et les agriculteurs locaux.
Pour observer le potentiel de lessivage du nitrate, depuis 2012, le reliquat d’entrée hiver (REH) est mesuré sur plus d’une centaine de parcelles, soit 1 parcelle sur 4 ou 5, chaque année. C’est l’indicateur de résultat privilégié à l’échelle du champ pour réaliser des pronostics de pertes de nitrate au champ, à l’exploitation et à l’échelle du territoire.
Afin d’obtenir de faibles REH, après mûre réflexion en atelier de conception, les agriculteurs ont choisi de s’engager dans la généralisation des cultures pièges à nitrate afin d’avoir des sols couverts dès le mois de septembre, soit 2 mois avant le début du drainage. Les mesures de REH ont été ainsi complétées par des observations et des mesures rapides d’azote absorbé par les couverts en automne.
Les résultats de cet observatoire des champs cultivés sont rapidement partagés chaque année avec les agriculteurs locaux et avec l’instance de gouvernance du projet, via une animation dynamique interactive. Très vite, les agriculteurs qui faisaient déjà de l’eau peu chargée en nitrate en 2010 se sont sentis encouragés, et la plupart des céréaliers qui étaient en échec au départ sont parvenus à obtenir de faibles REH, via leur apprentissage rapide de la réussite des couverts.
Seulement les couverts se sont révélés souvent insuffisants dans tout ou partie des champs de certaines exploitations, face à la grande quantité d’azote disponible dans le sol en été et en automne. La mobilisation conjointe des mesures de REH et d’azote absorbé en automne, accumulées depuis 2012, a alors permis de caractériser l’azote disponible en été et automne au cours de leur rotation dans plus de la moitié des parcelles de l’AAC, et de fournir aux agriculteurs des informations précieuses sur la dynamique de l’azote et sa variation entre champs d’une même exploitation. Forts de ces connaissances, des changements ont été réalisés par des agriculteurs, et le territoire est parvenu à atteindre son objectif de résultat dès 2017, comme le montre le tableau de bord de l’année, un outil utilisé pour l’appui à la gouvernance du projet.
Afin de consolider ces premiers résultats, depuis 2018, plusieurs éleveurs mobilisent cette connaissance fine de l’azote disponible dans leurs champs cultivés pour revoir la gestion de l’azote dans leur exploitation, afin de régulariser les bons résultats à l’échelle du territoire.
Le REH s’avère ainsi utile dans la gestion dynamique et la réussite du projet de ce territoire, en permettant de reconnaître les agriculteurs émettant au départ peu de nitrate, et en traquant des innovations, autrement dit les pratiques des champs où la qualité d’eau est au rendez-vous alors que l’agriculteur n’a pas adopté la pratique phare mise en avant. Associé aux observations d’azote absorbé, pour estimer l’azote disponible chaque année dans les systèmes de culture, le REH est essentiel aujourd’hui pour accompagner dans le changement les agriculteurs encore en échec.
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