Au-delà de l'équivalence en substance : l'équivalence éthique (I)
Abstract
Le concept d’équivalence en substance, introduit pour l'évaluation des risques des aliments génétiquement modifiés (GM), est un concept réducteur car il ne prend pas en compte le contexte dans lequel ces aliments ont été produits et conduits jusqu'au consommateur au terme des filières agro-alimentaires. La qualité des aliments ne peut être limitée à la seule substance car les aliments agissent sur les êtres humains non seulement au niveau nutritionnel, mais aussi au travers de leurs relations avec l'environnement et la société. Pour rendre le contexte des aliments GM explicite, j'introduirai une « échelle d'équivalence » pour l'évaluation des filières agroalimentaires, que celles-ci soient GM ou non-GM. Contrairement à l'équivalence en substance qui fait appel à des méthodes d'évaluation essentiellement analytiques et quantitatives, l' « équivalence qualitative » concerne les facteurs « moins » ou non substantiels. Pour la plupart, ces facteurs ne peuvent être appréciés par les méthodes analytiques existantes. Il est donc nécessaire de développer de nouvelles méthodes d'évaluation, elles-mêmes fondées sur des principes qualitatifs. L' « équivalence éthique » fait référence aux facteurs qui manifestent la valeur morale contenue dans les produits agro-alimentaires. Pour analyser les différents niveaux auxquels l'éthique est nécessaire dans les filières agroalimentaires, j'utiliserai les trois principes républicains français « Liberté, Égalité, Fraternité », ou encore liberté, égalité, solidarité, auxquels j'ajouterai un quatrième principe ; la durabilité. La durabilité, la solidarité, et la liberté permettent d'apprécier respectivement l'équivalence éthique environnementale, socio-économique, et socio-culturelle. Pour chacun de ces principes, j'examinerai pour quelles raisons les aliments GM ne peuvent satisfaire un certain nombre de critères éthiques. L'égalité, en tant que principe de justice, devrait permettre de garantir que la certification de la durabilité, de la solidarité, et de la liberté, est valide. Je suggère que l'éthique peut fournir une base pour le renouvellement du concept de filière agro-alimentaire. Parallèlement à l'Assurance Qualité, il est en effet essentiel maintenant de développer une « Assurance Éthique » ; l'échelle d'équivalence proposée dans ce manuscrit pourrait constituer un cadre pour la mise en place de « Standards d'Assurance éthique » (SAE) pour les filières agro-alimentaires.