Rapport du projet « MigrenMer » : Synthèse et valorisation des connaissances disponibles sur les migrateurs amphihalins en mer Rapport final
Résumé
La France métropolitaine abrite une des plus grandes diversités de poissons migrateurs amphihalins à l’échelle européenne. Parmi ces espèces deux stratégies migratoires sont observées. Les espèces potamotoques (ou anadromes) réalisent leur reproduction en eaux douces et leur croissance dans le milieu marin. A l’inverse les espèces thalassotoques (ou catadromes) se reproduisent en mer et réalisent leur croissance en eau douce. Depuis déjà plusieurs décennies, les populations de poissons migrateurs s'effondrent, et ce déclin est commun à l'ensemble des espèces. Les pressions exercées tout au long du continuum terre-mer, en particulier celles induites par les activités anthropiques, contribuent à ce déclin. Malgré les directives et conventions visant à protéger ces espèces, la gestion de leur phase marine reste difficile en raison d'un manque de connaissances sur ce compartiment marin. Afin de combler ce déficit, le pôle pour la gestion des migrateurs amphihalins dans leur environnement (MIAME) a initié début 2019 le programme MigrenMer.
Une base de données rassemblant l’ensemble des données scientifiques et commerciales disponible sur les amphihalins en mer a été consolidée. Les premières analyses révèlent une faible occurrence des espèces, avec des disparités interspécifiques marquées (https://halieut.agrocampus-ouest.fr/discardless_app/migrenmer/Atlas/). La base de données a également servi à développer des modèles de distribution d'espèces pour étudier la distribution des amphihalins à l’échelle de l’Atlantique Nord-Est. Un premier modèle intitulé hSDM a confirmé la distribution côtière des espèces, soulignant leur dépendance à ces habitats et la nécessité d’étudier leur vulnérabilité face aux pressions anthropiques dans ces zones. Dans ce sens, il semble primordial d’assurer la précision de ces prédictions à une fine échelle à des fins de gestion. Un cadre de modélisation appelée CMAP a été développé se basant sur la combinaison de plusieurs modèles. Les résultats mettent en lumière l'importance du réseau d'aires marines protégées (AMPs) pour la conservation des amphihalins, mais soulignent la nécessité d'ajustements pour couvrir l'ensemble du continuum d'habitats. Ces axes d’amélioration permettront d’optimiser la protection des poissons migrateurs amphihalins durant la phase marine de leur cycle de vie.
Les données bancarisées dans le cadre de l’action MigrenMer ont également vocation à répondre aux objectifs de surveillance et d’évaluation des directives européennes (DHFF et DCSMM). Les développements réalisés (matrice interaction engins/espèces et modèles spatiaux de distribution en mer) ont permis de nourrir, dans le cadre de la DHFF, une analyse risque-pêche identifiant les secteurs à risque de capture accidentelle par les activités de pêche maritime professionnelle. Concernant le Descripteur 1 Biodiversité de la DCSMM, le développement d’indicateurs du Bon Etat Ecologique (BEE) des critères D1C2 (abondance des populations) et D1C4 (Distribution spatiale des population) et des autres critères (D1C1 et D1C3) n’a pas été possible car les données disponibles étaient insuffisantes. Des acquisitions de données et développements méthodologiques supplémentaires sont nécessaires pour répondre à l’ensemble de ces exigences. Afin d’identifier les actions à prioriser, un échange avec les gestionnaires a été organisé et les perspectives de travail nécessaires à une gestion intégrée de ces espèces sur le continuum terre/mer ainsi qu’à leur surveillance et évaluation pour les différentes directives, sont présentées.
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