Du côté des bêtes. Une lecture du Point de vue animal. Une autre version de l’histoire, d’Éric Baratay (Le Seuil, 2012)

 

Je conduis actuellement une recherche sur l’histoire des élevages industriels, en prenant les élevages porcins comme cas d’étude. Comme pour tout travail de sciences sociales, cela nécessite de recueillir de nombreuses données, qu’il s’agisse de documents (archives, revues agricoles…) ou de récits recueillis auprès de ceux qui ont vécu et fait cette histoire. Cela suppose aussi un important travail de lecture sur les recherches et les enquêtes déjà menées sur des sujets proches, par des sociologues, des anthropologues, des géographes, des historiens ou des journalistes. Dans le blog « Transhumances », j’ai ainsi écrit plusieurs billets sur des recherches qui m’ont paru intéressantes et utiles pour mon enquête. Pour « L’Estive », je poursuis donc ce travail.

 

Aujourd’hui, je vais vous présenter un livre de l’historien Éric Baratay : Le point de vue animal. Une autre version de l’histoire. Publié aux éditions du Seuil en 2012, Le point de vue animal est un livre ambitieux, produit des recherches qu’Éric Baratay conduit sur l’histoire des animaux depuis une trentaine d’années. Dans ce livre, qui couvre une période allant principalement du début du 19e siècle jusqu’à aujourd’hui, il propose de sortir d’une pratique anthropocentrée de l’histoire : comment les bêtes ont-elles vécu et ressenti les processus historiques dans lesquels elles ont été prises, comment y ont-elles réagi et ont-elles pu conduire les hommes à modifier leur attitude à leur égard ? Le livre est composé de six parties de taille inégale. Dans la première (« Écrire une histoire décentrée »), l’historien expose sa méthode. Dans les cinq suivantes, il présente les résultats de son enquête. Il décrit tout d’abord les transformations morphologiques des animaux, le travail qu’ils ont fourni et les violences qu’ils ont subies. Mais il s’intéresse également aux soins dont les animaux sont également l’objet et aux « connivences » qui peuvent se nouer entre les bêtes et les hommes, et à la manière dont a, sur la longue durée, évolué le regard de ces derniers sur elles.  Il le fait en s’intéressant à cinq ensembles d’animaux, qu’on retrouve tout au long du livre : les vaches laitières, les chevaux de mine et d’omnibus, les animaux employés durant la Première Guerre mondiale, les chiens de compagnie et les taureaux de corrida.

 

Faire une histoire animale

Éric Baratay débute son livre en remarquant que l’histoire animale a longtemps été une histoire écrite par des curieux : vétérinaires, zootechniciens, chasseurs… Il a fallu attendre la fin des années 1970 pour que des historiens professionnels prennent ce sujet au sérieux, comme Robert Delors, auteur d’un livre marquant, Les animaux ont une histoire, en 1984. Cependant, selon Éric Baratay, ces travaux (le livre de Delors excepté) s’intéressent avant tout aux hommes et non aux animaux en eux-mêmes, conçus comme des éléments passifs des sociétés humaines. Au contraire, si les animaux vivent bien dans des conditions imposées par les hommes, « ils réagissent, avec des différences selon les bêtes ou les situations et avec des évolutions, et leurs attitudes rejaillissent sur celles des hommes, les modifient, dans un jeu continu d’interactions » (p. 43). Cette approche s’inscrit à la fois dans la lignée des recherches éthologiques les plus récentes, selon lesquelles il ne faut pas poser d’interdits a priori sur les capacités animales pour espérer en découvrir, et sur les pratiques de ceux qui, depuis longtemps, vivent et travaillent avec des bêtes : « c’est en attribuant des intentions et des capacités aux bêtes, donc en faisant preuve d’empathie, que les éleveurs ont pu les domestiquer, c’est-à-dire les transformer, les éduquer, leur donner des compétences nouvelles et maintenir ce lien » (p. 61). Autrement dit, l’auteur propose de faire une histoire élargie aux animaux, qui prenne en compte leur contribution spécifique à l’histoire humaine et cherche à restituer leur vécu. Il s’agit d’étendre aux animaux la démarche des chercheurs qui se sont intéressés à des groupes ou à des populations humaines (femmes, esclaves, indiens, aborigènes…) dont les capacités et le rôle  historique ont souvent été invisibilisés ou niés.

Comment s’y prendre pour un tel projet, qui peut paraître d’autant plus difficile qu’il porte en majeure partie sur le passé ?  Selon l’historien, cela est possible, d’une part parce que les animaux vivent avec les hommes, d’autre part parce que ces derniers « ont eu un intérêt croissant (tirer le maximum des bêtes) à en tenir compte et à chercher le ténu, voire l’invisible, avec un regard de plus en plus aigu » (p. 53). Il est donc possible de reconstituer les comportements des animaux, leurs conditions de vie et leurs réactions à partir de sources diverses, allant des témoignages d’acteurs (récits de poilus, souvenirs de mineurs…) aux archives d’entreprises (comme pour la Compagnie générale des omnibus à Paris), aux écrits techniques (de zoologues, zootechniciens ou vétérinaires) ou encore aux fictions romanesques. Pour interpréter ces sources, et en dégager ce qu’elles disent, généralement de manière indirecte, sur le vécu des animaux, Éric Baratay s’appuie également sur l’éthologie, qui a précisément développé des méthodes pour objectiver les capacités, les émotions et les états de conscience des animaux à partir de signes ténus.

 

Des animaux transformés

Avant d’en venir aux conditions de vie quotidiennes des animaux, Éric Baratay s’intéresse aux transformations de la morphologie des animaux sur la longue durée. Ces aspects de l’histoire animale sont les plus visibles et sont intrinsèquement liés au processus de domestication engagé depuis l’ère néolithique. Sur la longue durée, la domestication a favorisé une forte diversification génétique et phénotypique des animaux, en raison de la croissance de l’effectif des animaux concernés et de la protection que leur était apportée. Jusqu’au 18e siècle, les animaux remplissaient généralement plusieurs fonctions, comme les bovins qui pouvaient être utilisés pour leur puissance de traction, leur fumier et leur lait. Cependant, à partir des 17e et 18e siècles dans certains pays (Suisse, Pays-Bas, Angleterre) et à une échelle plus large au 19e siècle, des agronomes, des grands propriétaires et des marchands estiment que la diversité des animaux et la pluralité de leurs usages sont problématiques : ils veulent des animaux plus performants, ayant une certaine conformation. Par exemple, les agronomes cherchent, pour les vaches laitières, à définir les traits associés à une bonne lactation, comme la finesse de l’ossature ou la forme générale du corps de l’animal. Les maquignons utilisent, eux, des critères plus empiriques, comme l’espacement des yeux, la forme de la queue ou la saillance des veines mammaires.

 

Le porc de race Berkshire, d’après Auguste Goussé, “Le porc : élevage, engraissement, reproduction” (Hachette, 1921). Source : Gallica.

 

Le principal procédé qui a été employé pour fixer et conserver les caractères recherchés a résidé dans la constitution des races modernes. Jusqu’au début du 19e siècle, la notion de race renvoyait principalement à l’origine géographique des bêtes et non à leur morphologie. Entre le milieu du 18e siècle et le milieu du 19e siècle, des grands propriétaires et des agronomes développent une nouvelle manière de définir les races. Ils caractérisent les races comme des ensembles d’animaux présentant des caractéristiques uniformes, indépendamment de leur origine géographique. Bien que certaines races aient été créées rapidement, comme la race noire du Nivernais pour les chevaux de traits, la plupart ont été le produit d’un processus long, par ajustements progressifs. Toutes les espèces domestiques sont concernées, depuis les chevaux de selle et les moutons à partir du 18e siècle jusqu’aux chevaux de traits, bovins, chiens, chats, porcs, poules et lapins aux 19e et 20e siècles. Même si, en réalité, certaines races conservent un ancrage géographique, ce processus se traduit par une forte réduction de la variabilité génétique des animaux domestiques.

La sélection et les croisements effectués sont marqués par certaines tendances lourdes, dont la plus visible est l’augmentation de la taille et du poids des animaux de rente. Par exemple, les porcs, souvent nourris en troupeaux et emmenés dans les forêts jusqu’au 18e siècle, étaient alors des animaux de petite taille et dotés de capacités motrices et respiratoires importantes. Enfermés dans des soues à partir du 19e siècle, ils deviennent des animaux de plus en plus lourds, gras et fragiles. De manière moins visible, les animaux sont aussi sélectionnés en fonction de leur tempérament, c’est-à-dire de leur capacité supposée à faire ce qui est attendu d’eux pour qu’ils remplissent bien leur fonction. Ainsi, on recherche davantage des vaches laitières acceptant qu’on enlève leur veau ou des chevaux de mine dociles.

 

Bêtes de somme

La vie des animaux domestiques est caractérisée par de multiples formes de violences : aux brimades, coups, jeux cruels et mauvais traitements dont ils sont l’objet, comme pour les chevaux en ville et les chiens (chapitre 10) ou les taureaux de corridas à partir du milieu du 19e siècle (chapitre 13), s’ajoute la « violence sourde », moins visible, produite par les conditions de vie1. Cette dernière est l’objet de deux chapitres, consacré l’un aux chevaux employés par les mines et les compagnies d’omnibus à partir du début du 19e siècle (chapitre 8), et l’autre aux vaches laitières (chapitre 9). Concernant les chevaux, l’auteur décrit la dure carrière de ces animaux. Achetés castrés à l’âge de quatre ou cinq ans, ils passent brutalement, malgré une période intermédiaire de quarantaine et d’apprentissage, de la vie dans les pâturages à une existence caractérisée par une activité physique intense, dans des conditions difficiles. Les chevaux de la Compagnie générale des omnibus doivent effectuer en moyenne 17 km par jour, se blessant souvent sur un sol dur et inégal. Les chevaux des mines doivent quant à eux tirer des charges considérables, dans des conditions encore plus dures. Descendus au fond des mines d’une manière éprouvante, ils y passent l’essentiel de leur existence. Rarement remontés à la surface, ils sont logés dans des conditions sommaires, dans des espaces exigus avec peu de litière. Pour les chevaux de mine comme pour ceux des omnibus, ces conditions de vie se traduisent par de multiples blessures et maladies, mais aussi par des réactions agressives ou des refus de travailler. Ils ne tiennent que quelques années à ce régime, avant de décéder ou d’être réformés.

 

Descente d’un cheval dans la mine, à Saint-Etienne (1911). Source : Wikimedia Commons.

 

Les vaches connaissent des évolutions similaires, qui ont débuté dès le 18e siècle avec la conversion laitière, c’est-à-dire la spécialisation des vaches dans la production de lait. Auparavant, les vaches étaient souvent gardées dans les landes ou les forêts et leur fonction consistait à produire quelques veaux et un peu de lait ou à aider aux travaux agricoles en tirant l’araire ou la herse. En spécialisant certaines vaches dans la production laitière, les éleveurs s’efforcent d’allonger la période de lactation et d’accroître les quantités de lait produites. Il s’agit de rendre continue une fonction jusque là intermittente. Cela passe principalement par une multiplication des traites et l’adoption de techniques pour retirer, totalement ou partiellement, les veaux à leurs mères. Cette séparation est source de stress, tant pour les mères que pour leurs veaux, à qui est donnée de surcroît une alimentation de substitution mal adaptée. La mortalité de veaux est considérable : en Basse Normandie, au tournant des 19e et 20e siècle, 90 % d’entre eux meurent prématurément. La conversion laitière s’accompagne également d’une transformation du régime alimentaire des vaches et de leurs conditions de vie. Pour entretenir la lactation toute l’année, notamment dans les régions où les conditions naturelles sont les moins favorables à la pousse de l’herbe, les vaches reçoivent de plus en plus des compléments alimentaires très riches à partir du 19e siècle (luzerne, trèfle, sainfoin, betteraves, choux fourragers, etc.), auxquels s’ajoutent les tourteaux d’arachide, de coprah ou de colza dans les années 1920. Elles passent également de plus en plus de temps à l’étable, où elles sont alignées face à la crèche et entravées. Les locaux sont relativement chauds mais sombres (l’obscurité tranquillisant les bêtes), et l’air y est peu renouvelé.

Les conditions d’existence des vaches laitières sont encore plus rudes dans les régions de montagne, où elles sont totalement enfermées pendant une grande partie de l’année, et dans les villes, où des étables se développent pour fournir du lait frais aux citadins à partir de la fin du 18e siècle2. Ces conditions de vie génèrent des maladies nouvelles, liées les unes à l’alimentation (inflammations de l’appareil digestif, indigestions), les autres aux conditions de logement (rhumatismes, maladies respiratoires…). À partir des années 1950-1960, le développement de la stabulation libre permet aux vaches de retrouver davantage de liberté de mouvement au sein des bâtiments et d’être logées dans des locaux plus vastes et mieux ventilés. Il n’en demeure pas moins qu’elles sont désormais inséminées de manière artificielle, que leurs veaux leur sont systématiquement retirés après la naissance et que leur alimentation comporte de moins en moins de fourrage. La promiscuité favorise les comportements agressifs, ce qui conduit à généraliser l’écornage des bêtes, tandis que leur conformation et la production intensive de lait qui leur est demandée favorisent des maladies douloureuses (mammites, boiteries, troubles métaboliques…) qui les usent prématurément. Elles ne vivent aujourd’hui pas plus de huit ans en moyenne, avant d’être réformées.

La violence sourde subie par les animaux ne s’arrête pas avec la fin de leur vie productive (chapitre 11). Rares sont ceux qui terminent paisiblement leur existence au pré. Une fois réformés, ils subissent des conditions de transport éprouvantes, d’abord à pied, puis en train et en camion. Arrivés à l’abattoir, ils sont longtemps entassés dans des parcs, avec peu de nourriture. Il faut attendre les années 1960 pour qu’ils bénéficient d’un repos réparateur, qui améliore la qualité de la viande. L’abattage lui-même est source d’un stress considérable pour les animaux, malgré le développement de multiples techniques pour réduire leur agitation à partir du début du 20e siècle. L’étourdissement préalable des animaux ne se généralise que dans les années 1960, mais il n’est pas rare que des animaux soient toujours abattus et vidés de leur sang en étant encore conscients. Éric Baratay mentionne enfin les animaux employés dans les conflits armés, et plus particulièrement lors de la Première Guerre mondiale, qui a mobilisé 1,9 millions de chevaux, ânes et mulets (chapitre 12). Beaucoup de chiens étaient également employés pour le transport des blessés et les patrouilles. La mortalité de ces animaux a été considérable.

 

Soins et complicités

Les chapitres suivants du livre viennent nuancer ce tableau très sombre. Des témoignages ténus, issus notamment de la littérature romanesque, suggèrent également l’existence de situations où les animaux sont traités comme des êtres sensibles, traités avec égards, voire avec affection (chapitre 14). Dans les fermes où l’on ne possède que quelques vaches voire une seule, celles-ci sont considérées comme de véritables trésors, pour qui on multiplie les soins, à condition qu’ils ne soient pas trop coûteux. Le temps plus long passé par les vaches à l’étable et la multiplication des traites favorise l’expression de ces rapports affectueux ou, pour employer les termes d’Éric Baratay, des « complicités » et des « connivences ». Toutefois, dans bien des cas, ces attentions accrues envers les animaux sont aussi le produit d’un calcul : il s’agit aussi de maintenir les animaux en bonne condition physique, de leur éviter des maladies, et de « préserver ainsi leur rendement et le capital qu’ils représentent » (p. 261, chapitre 15). Cela est particulièrement visible à la Compagnie générale des omnibus, qui modernise ses écuries à la fin du 19e siècle, et renouvelle plus fréquemment l’eau et les litières, pour réduire la prévalence des maladies pulmonaires. Cela est vrai également des chevaux employés pendant la Première Guerre mondiale : durant les premiers mois du conflit, l’hécatombe est telle que l’on décide d’améliorer les soins prodigués aux bêtes malades ou blessés pour qu’elles puissent retourner au front.

 

“La Journée d’un chien ou l’ange de la maison” (Hachette et Cie, 1903). Source : Gallica.

 

Cependant, c’est pour les chiens que les changements sont les plus importants. En dehors des familles de l’aristocratie ou de la grande bourgeoisie, ils sont généralement mal traités jusqu’au milieu du 19e siècle. Petit à petit, les chiens sont intégrés à la vie familiale. De plus en plus souvent racés, et contrôlés dans leur sexualité, ils connaissent une amélioration importante de leurs conditions de vie : logement plus confortable, nourriture plus abondante, soins plus nombreux… Cette évolution a néanmoins ces revers. Vivant principalement seuls dans le cadre familial, ils ont une moindre sociabilité avec leurs congénères. Leurs régimes alimentaires trop riches ou déséquilibrés génèrent de nouvelles pathologies (affections dentaires, anomalies du squelette…). Surtout, le développement du marché du chien domestique a favorisé le développement d’importants élevages canins, où les bêtes sont logées dans conditions déplorables. L’accélération des modes, marquées par des engouements soudains pour certaines races, favorise enfin des pratiques de sélection et de reproduction favorisant la consanguinité, qui rend les animaux plus fragiles.

 

Conclusion : L’évolution du regard posé sur les bêtes

La dernière partie du livre opère un « retour à l’homme » (p. 317). Bien que des prises de position consistant à nier ou à relativiser l’existence d’une vie psychique propre à chaque espèce animale perdure tout au long de la période, Éric Baratay défend l’idée que le regard porté sur les bêtes a largement évolué depuis le début du 19e siècle. En témoignent non seulement les transformations des recherches conduites par les éthologues, mais aussi le développement des débats sur la condition animale et l’adoption de réglementations visant à l’améliorer. La création de la Société protectrice des animaux en 1845 et l’adoption en 1850 de la loi Grammont, qui vient réprimer les mauvais traitements infligés en public à des animaux, en ont constitué les premières étapes. Toutefois, Éric Baratay note que dans l’adoption de certaines de ces mesures, les considérations économiques sont également présentes, comme dans les abattoirs et les élevages : des animaux moins stressés croissent mieux, tombent moins souvent malades et donnent une meilleure viande. Il n’en demeure pas moins que même guidées par des calculs économiques, ces évolutions témoignent d’une plus grande attention portée au vécu des animaux.

Au total, l’ouvrage d’Eric Baratay offre une vaste fresque sur les transformations de la condition animale durant les deux derniers siècles. Certains chapitres du livre sont parfois un peu rapides, comme les derniers consacrés à l’évolution du regard porté sur la condition animale. D’autres, en revanche, offrent des descriptions saisissantes des carrières et des conditions d’existence des animaux, comme ceux sur le travail fourni par les chevaux de mine et d’omnibus et par les vaches laitières. D’un point de vue méthodologique, l’usage des écrits des zootechniciens et des vétérinaires est particulièrement convaincant pour approcher le vécu des animaux : les maladies et les blessures qu’ils subissent de manière récurrente constituent de bons indicateurs de leurs conditions de vie et de travail, au même titre que les accidents du travail et les maladies professionnelles pour les ouvriers ou les employés. Au regard de ce livre, et des multiples autres recherches  de sciences sociales qui se sont développées sur les animaux depuis quelques décennies, il paraît difficile d’écrire aujourd’hui une histoire de l’industrialisation de l’élevage – projet qui est aujourd’hui le mien – sans chercher à restituer, même de manière imparfaite, le point de vue « animal ».

 



Citer ce billet
Marc-Olivier Déplaude (2023, 8 décembre). Du côté des bêtes. Une lecture du Point de vue animal. Une autre version de l’histoire, d’Éric Baratay (Le Seuil, 2012). L'ESTIVE. Consulté le 20 juin 2024, à l’adresse https://lestive.hypotheses.org/1153

  1. Sur la notion de « violence sourde » ou slow violence, qui n’est pas employée par Éric Baratay, voir Rob Nixon, Slow Violence and the Environmentalism of the Poor, Cambridge, Harvard University Press, 2011. []
  2. Sur ce point, voir Thomas Le Roux, « La grande ferme des 5 000 vaches laitières de Paris (1770-1815) », Études rurales, 2021, n° 207, p. 22‑51. []

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