Le projet SUCSEED (« Stop the Use of pestiCides on Seeds by proposing alternatives », Projet Prioritaire de Recherche « Cultiver et protéger autrement » ANR 20-PCPA-0009) vise à identifier et développer des solutions de protection des semences innovantes via des approches éco-responsables. Il s’agit plus précisément de lutter contre la transmission des agents pathogènes aux semences et contre les fontes de semis. Alternaria brassicicola est un champignon nécrotrophe, responsable du « black spot » sur les plantes de la famille des Brassicacées et capable de se transmettre aux et par les graines. La contamination des semences compromet leur germination et/ou provoque le développement de symptômes sur les plantes dans la culture suivante. Il est donc essentiel de lutter contre la transmission d’A. brassicicola aux graines. Dans le contexte actuel de nécessité de réduire le recours aux fongicides, la valorisation des défenses de la plante pourrait constituer une opportunité de développement de méthodes de lutte alternative à la lutte chimique. Mais le rôle des réactions de défense de la plante, du fruit et de la graine au cours de la phase de transmission est très mal connu. Des travaux antérieurs [1] sur Arabidopsis thaliana ont mis en évidence l’existence d’un gradient de transmissibilité d’A. brassicicola selon les étages des siliques : les graines des siliques les plus âgées (situées à la base de l’inflorescence) présentent un taux de contamination par A. brassicicola plus élevé que les graines issues des siliques plus jeunes (situées en hauteur). Les raisons de l’existence de ce gradient sont mal connues, en particulier pour ce qui est du rôle des mécanismes de défense de la plante. Pourtant, les composés de défense de la plante sont supposés être déterminants pour la sévérité des symptômes de black spot sur feuille [2]. Le présent travail décrit la mise au point d’un pathosystème pour l’étude du déterminisme de la transmission d’Alternaria brassicicola aux semences de Brassica napus L. Des siliques de la hampe florale principale de plantes de colza ont été inoculées par dépôt de gouttes contenant une suspension de conidies d’A. brassicicola sur les siliques basales (les plus âgées) et apicales (les plus jeunes présentes sur la hampe florale au moment de l’inoculation). Après quelques jours, des symptômes nécrotiques apparaissent sur les siliques, qui ont été récoltées 18 jours après inoculation. Le pathosystème mis au point va permettre l’évaluation du taux de transmission d’A. brassicicola aux semences de colza, mais aussi le décryptage du dialogue moléculaire plante-pathogène au cours de la phase de transmission aux semences.