Le mulet porc, Chelon ramada est un mugilidé migrateur thalassotoque abondant dans de nombreux estuaires et fleuves français. Considéré jusqu’alors comme de peu d’intérêt par les pêcheurs amateurs ou commerciaux, il n’est pas pris en compte par les Cogepomis et l’UICN le classe actuellement en « préoccupation mineure ». Suite à la raréfaction de plusieurs espèces migratrices plus prisées (ex : salmonidés, anguille européenne, grande alose, lamproie marine), des reports d’effort de pêche ont été observés dans certaines régions françaises sur le mulet. Les captures commerciales pouvant localement être très importantes, nos connaissances limitées sur l’écologie de cette espèce et l’absence de visibilité quant à la dynamique de ses populations fait peser un risque sur cette espèce et a motivé ce travail. Dans une première phase, nous avons effectué une synthèse des connaissances disponibles à partir d’une revue de la littérature scientifique mondiale. Nous l’avons complété par une série d’entretiens auprès des acteurs halieutiques (associations migrateurs, fédérations de pêche) ainsi que par une analyse spatiotemporelle exploratoire des données disponibles (stations de vidéo comptage, statistiques de captures, …). Ce travail a mis en évidence : un flou assez général concernant l’identification des quatre espèces de mulets présentes régulièrement sur les côtes et dans les bassins versants français (Chelon labrosus, Chelon ramada, Chelon auratus, Mugil cephalus) ; notamment, mais pas uniquement, au stade jeune. Nous préconisons une validation génétique des clés d’identifications existantes. Les informations concernant de nombreux traits de vie du mulet porc (âge à la première reproduction, période de reproduction, phénologie des migrations, régime alimentaire) sont parcellaires, parfois anciennes, et ne proviennent le plus souvent que d’une seule région européenne. La colonisation des bassins-versants par les différentes espèces est également mal connue. Au vu des données de vidéo comptage, des changements importants ont eu lieu depuis les années 2000, nous préconisons de clarifier la distribution spatiale des différentes espèces en ayant recours selon les cas à des analyses génétiques ou à la méthode de l’ADN environnemental. Enfin, en cohérence avec ce qui est déjà mis en œuvre dans plusieurs bassins, il nous semble pertinent de proposer la prise en compte de cette espèce par les Comités de Gestion des Poissons Migrateurs (Cogepomis) des bassins où l’espèce est présente. Ceci permettrait d’harmoniser les tailles réglementaires et de prendre en compte cette espèce migratrice, au même titre que les autres dans les plans de gestion.