Depuis toujours, les activités d’élevage se transforment de manière plus ou moins visible, à des rythmes plus ou moins soutenus, en lien avec l’environnement dans lequel elles s’inscrivent. Avec la montée en puissance d’enjeux exprimés en termes de développement durable ou plus récemment d’agro-écologie, et la mise en œuvre de politiques publiques spécifiques, on assiste à de multiples transformations, légères ou en profondeur, des systèmes d’élevage déjà en place. De même, les modalités d’installation ainsi que les conceptions du travail et de l’agriculture qui les sous-tendent évoluent. Parmi ces transformations, certaines concernent très directement les races animales mobilisées et les savoirs et savoir-faire qui leurs sont associés. Cette communication propose une interprétation de la mobilisation de races, d’ici ou d’ailleurs, dans le développement de systèmes alternatifs et plus généralement dans les processus d’adaptation des activités d’élevage. Nous y analysons deux cas différents de transformations au sein du bassin laitier du Grand Ouest de la France en nous appuyant sur un cadre conceptuel inspiré d’un courant de la philosophie pragmatiste. Un premier cas correspond à des éleveurs qui substituent à leurs vaches de race Holstein des vaches appartenant à des races extérieures à la région, la Montbéliarde ou la Simmental Française. Le second cas est celui d’éleveurs bretons qui font le choix de s’installer avec une race locale à petits effectifs, la Bretonne Pie Noir. Nous interprétons la mobilisation de races « d’ici ou d’ailleurs » comme la mobilisation de ce qui apparait à un moment donné comme une ressource à des éleveurs pour adapter leurs activités d’élevage à leur environnement local et que de par leurs activités ils contribuent à transformer, plus ou moins en profondeur, leur environnement local.