Déjouer le temps et l’espace, reprendre du pouvoir
Abstract
Sécher, saler, faire fermenter, enterrer, laisser maturer, surgeler, congeler, décongeler, etc.: donner du temps aux aliments, c’est non seulement leur permettre de circuler, mais aussi leur conférer des valeurs économiques, sanitaires voire thérapeutiques, gustatives, affectives, totalement nouvelles. Qu’il s’agisse de conserver les maniocs « vivants » dans les jardins en Amazonie brésilienne, d’organiser le ravitaillement des missions spatiales ou d’approvisionner Paris en poissons frais au XIVe siècle ou encore de conserver le précieux colostrum des mères pour leurs nouveau-nés prématurés, chaque situation résulte de négociations qui dépassent largement la satisfaction des « besoins primaires ». En révélant les mécanismes de la conservation, « Le temps des aliments » interroge les liens complexes entre pouvoirs et techniques. Il s’agit aussi de penser des modèles de conservation possibles, au regard des expérimentations conduites par les sociétés actuelles et passées. L’analyse d’une diversité de situations de conservation alimentaire humaine interroge : jusqu’où l’abondance des sociétés de consommation est-elle également une problématique de conservation?
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