Appartenir à un lieu qui ne vous appartient pas. L’expérience du quartier libre des lentillères à Dijon
Abstract
La question de l’appartenir est ici appréhendée dans un contexte extrême : un squat urbain potager. L’origine de l’occupation est née de la volonté de défendre les dernières terres maraîchères de Dijon, face à un projet d’urbanisation. Elle révèle en creux l’empaysannement des luttes urbaines porté par certains militants et entraînant de simples jardiniers dans les sillons potagers de l’engagement. L’observation de ce lieu, initialement friche, de sa réappropriation progressive, permet de comprendre et de vivre l’expérience rare d’un établissement humain au sol. Des premières heures de son défrichage jusqu’à son organisation actuelle sous forme de « quartier libre », ce sont toutes les étapes de la spatialisation du social qui se sont finalement jouées sur la friche anthropisée et qui ont « donné lieu » à la fabrique d’un territoire approprié par l’usage et la fréquentation intime d’un espace laissé en sommeil spéculatif.