La décomposition de la litière détermine la disponibilité en éléments minéraux nécessaires à la croissance des plantes dans le sol. Les ongulés peuvent influencer ce processus par leur piétinement et leurs déjections, tout en modifiant la composition des espèces dans la litière et les communautés de décomposeurs. Une litière est jugée de bonne qualité lorsque sa mi-néralisation est rapide. Si les ongulés dégradent la qualité de la litière en forêts boréales, leur impact en forêts tempérées est encore mal connu. C’est pourquoi, au sein de l’unité Écosystèmes Forestiers de l’INRAE, une thèse se penche sur cette question. Sur sept placettes de chênes sessiles, un protocole basé sur le Tea Bag Index a été appliqué. Des sachets de thé vert et de rooibos ont été enfouis dans des enclos sans ongulés et en ex-clos avec ongulés. Les masses résiduelles mesurées après 3 mois ont permis de calculer le taux de décomposition du rooibos (kTBI) et un facteur de stabilité (S) pour le thé vert. D’autres sachets de thés récoltés après 6 mois ont servi à estimer le taux de décomposition des thés (kOlson) ainsi que le temps nécessaire à la décomposition de 50 % du thé vert. Les résultats n’ont pas révélé d’effets significatifs des ongulés sur la décomposition de la litière, suggérant que la variabilité inter-parcellaire joue un rôle plus important que la présence ou l'absence d'ongulés. Pour appuyer cette hypothèse, des analyses en composantes principales (ACP) ont été réalisées sur les données climatiques, floristiques et pédologiques de chaque placette. Ces données comprennent deux mesures relevées sur le terrain : la surface terrière et le recouvrement en sol nu au-dessus des points d’échantillonnage. Les ACP ont finalement révélé que la variabilité stationnelle des placettes prend le pas sur la modalité enclos/exclos. De plus, des facteurs comme l'évapotranspiration potentielle, le type d'humus et le recou-vrement en charmes semblent étroitement liés à la vitesse de décomposition de la litière. A terme, des études complémentaires et un suivi des densités d’ongulés par placette servi-ront à identifier le pool d’éléments nutritifs disponibles pour les communautés végétales forestières.