Le statut énergétique des animaux est un critère essentiel pour leurs performances et la qualité des produits. Au-delà de ces considérations, le statut énergétique impacte aussi plus largement la santé et la robustesse des oiseaux depuis leur éclosion jusqu’à l’âge d’abattage. Il est en partie lié à la teneur en glycogène musculaire et au métabolisme protéino-énergétique de l’animal. Il existe des enjeux forts, de connaissance et d’application pour l’élevage, à comprendre sa mise en place précoce, en interaction avec la génétique et l’alimentation. Dans ce contexte, le premier objectif de mon travail de recherche était de comprendre les mécanismes contrôlant l’utilisation périphérique du glucose depuis son transport jusqu’à son utilisation par le muscle, ainsi que son stockage sous forme de glycogène chez le poulet. J’ai commencé par rechercher et caractériser un transporteur insulino-sensible de glucose chez les oiseaux. Chez les mammifères, GLUT4 est le principal transporteur de glucose insulino-sensible au niveau musculaire. Chez les oiseaux, aucune séquence codant pour GLUT4 n’avait pu être mise en évidence et aucun transporteur insulino-sensible n’avait été identifié ni caractérisé. Dans le cadre d’une thèse que j’ai encadrée, nous avons mis en évidence pour la première fois l’expression de GLUT12 chez les oiseaux, déterminé la distribution tissulaire de la protéine et montré sa translocation à la membrane sous stimulation insulinique. Dans un second volet, j’ai étudié les mécanismes de régulation du métabolisme du glycogène et des principales voies de signalisation impliquées dans la synthèse et la dégradation du glycogène. Dans ce cadre, j’ai par exemple analysé l’impact de différentes stratégies nutritionnelles sur l’établissement de ces réserves énergétiques musculaires et évalué leurs conséquences sur la croissance des animaux et la qualité des produits. Ces travaux ouvrent des perspectives pour moduler la qualité des viandes par l’alimentation mais aussi plus largement par les conduites d’élevage ou la sélection génétique. Enfin, dans un troisième volet, mes travaux se concentrent sur la période périnatale. Une partie de ces travaux sont développés dans le cadre d’une thèse que j’encadre. La régulation du métabolisme protéino-énergétique y est particulièrement plastique et réactive à l’environnement avec des impacts à long terme sur la qualité initiale du poussin, son démarrage, sa robustesse et ses performances ultérieures que ce soit productives ou reproductives. Dans le cadre de ces travaux, encore en cours, nous évaluons l’impact de l’environnement nutritionnel précoce sur la mise en place de l’orientation métabolique des animaux. En parallèle, des indicateurs et biomarqueurs précoces du statut énergétique des poussins sont recherchés sur différentes matrices (sérum, liquides allantoïque de l’œuf…), l’objectif étant de prédire le statut énergétique des animaux le plus précocement possible et de façon la moins invasive possible. Ces indicateurs pourraient ainsi constituer de nouveaux critères de sélection pour des animaux plus robustes tout en restant performants. Les connaissances acquises au fil de ces années sont le fruit d’un travail collectif réalisé au sein de l’équipe et plus largement de l’unité mais aussi d’interactions avec de nombreux chercheurs extérieurs. Ces données sont aussi la résultante du travail des étudiants de BTS, de master ou de doctorants que j’ai encadrés directement. Les nombreuses années de recherche que j’ai conduites pour comprendre le métabolisme protéino-énergétique et sa mise en place précoce nourrissent mes projets de recherche actuels et futurs. Dans le cadre de cette présentation, j’aurai ainsi le plaisir d’échanger avec vous sur la façon dont ces collaborations, tant humaines que scientifiques, m’ont fait progresser dans ma carrière scientifique.