Stagnosols in the northern Alps - Origin of the superficial minerals layers bleaching
Les Stagnosols des Alpes du nord - Origine du blanchiment des horizons minéraux superficiels
Résumé
A bleached superficial mineral horizon has been noted for a long time within some forest soils in many French mountainous massifs (Souchier, 1971; Cabidoche, 1979; Dambrine, 1985; Gury, 1990). In those contexts, the bleached layer is generally similar to an albic horizon as defined in the usual classifications (Soil Survey Staff, 1994; ISSS-ISRIC-FAO, 1994). It then directly surmounts an argillic, spodic (indeed placic) horizon or a slowly permeable layer supporting a perched water table. The soils where this superficial bleaching is present are most of the time affected by podzolisation and/or hydromorphism processes. In the French Alps, the description of apparently similar soils doesn't drive to such sharp conclusions. Even if a horizon morphologically looking like an albic one is present in the mineral topsoil, in few situations, Bt, Bh and/or Bs, usually associated with, can't be found in the subsoil. At the outset, it's not easy to define the exact nature of those mineral horizons (bleached one and associated) and to link these alpine soils to one of the well-known pedological processes. A concrete example has been observed through a sequence of soils differently affected by this surface decoloration. As the concerned site is limited to about forty ha, the usual factors recognised as determining for the pedogenesis (i.e. lithology, climate, vegetation and topography) can be considered as homogeneous enough so that they can not explain the morphological differences observed between the profiles. In order to define the origin of the bleaching and the nature of the processes occurring in those mountainous soils, a detailed study of them have been realised.
Une étude menée dans les Alpes du nord a mis en évidence la présence d'un horizon minéral superficiel blanchi au sein de certains profils de sols. Bien que rappelant morphologiquement l'horizon albique (Soil Survey Staff, 1994), il ne repose cependant pas sur un horizon argilique ou spodique auquel il est classiquement associé. Ce blanchiment de surface ne peut donc pas immédiatement être rattaché à l'un des grands processus pédogénétiques connus. Afin d'en définir l'origine, 6 profils, se succédant le long d'une séquence altitudinale (1450-1700 m), ont fait l'objet d'analyses physico-chimiques classiques, en complément de descriptions morpho- et micromorphologiques détaillées. Les principaux résultats montrent que la décoloration superficielle de ces sols est liée à deux processus pédogénétiques essentiels : hydromorphisme et podzolisation. Dans les zones de plus faibles altitudes, les processus d'hydromorphie sont prédominants. L'horizon décoloré est un horizon gleyique Go. Situé sous des humus actifs de type mull, il apparaît plus riche en fer que les horizons sous-jacents, avec une migration limitée de ce fer, au sein même de l'horizon. Ces sols de bas de pentes s'apparentent, par leur morphologie et leur fonctionnement, aux gleyic stagnosols (AISS-ISRIC-FAO, 1994). Plus en amont, les processus d'hydromorphie sont au moins aussi importants qu'à basses altitudes mais alors associés à une légère tendance podzolique en surface. L'horizon blanchi est fortement déferrifié ; à ce niveau, le fer, déjà mobilisé par l'eau, se trouve complexé par les produits hydrosolubles à fort pouvoir complexant libérés par des types d'humus moins actifs (moder à mor). Entraîné en profondeur, il s'y accumule alors, parallèlement à l'aluminium et au carbone, sous des formes mal cristallisées, liées à la matière organique. Ces sols s'apparentent aux albic stagnosols (AISS-ISRIC-FAO, 1994).