Constat d'un "retour à l'ordre naturel" ou malaise de la "fermeture du paysage" : les habitants de territoires ruraux face à la dynamique de la végétation. Cas de la commune de Villelongue (65) et de quelques communes du Plateau de Millevaches (23)
Abstract
This report presents the results of a survey carried on inhabitants of two geographic areas where an important increasing of the wooded area took place in the past decades -the community of Villelongue in the Pyrénées and a part of the Plateau de Millevaches, in the Massif Central-; the objective of the survey is to understand how such an evolution is lived by the local populations. The results show that the weight of the project of society elaborated by the past generations, the existence or not in the present population of a project for/in the space, the existence or not of conflicting projects, the nature of the groups involved in the different projects, mainly determine the way people interpret and appreciate the changes in the land uses. In the Pyrenean case study, the interviewees are globally not sensitive to the development of the natural vegetation, because the local population turned its back to the mountain : what counts is that remain open "lawn" areas around restored buildings, as a metaphor of the mountain-annex to the village, where it is comfortable to be with other inhabitants. In the Plateau de Millevaches case study, a significant part of the interviewees feel the bad impression of the "landscape encloseness" : plantations, symbolizing depopulation and isolation -that`s to say the death of the local society-, stand in opposition to a view of the plateau as an "open space", shared by numerous farmers with various activities, which access and use are free for everyone (mushroom pickers, walkers, ~).
Dans ce rapport sont consignés les résultats d`une enquête auprès d`habitants de deux secteurs géographiques marqués par une forte extension de la végétation boisée au cours des décennies passées -la commune de Villelongue (65) et une partie du Plateau de Millevaches (23)-, avec l`objectif de comprendre la façon dont une telle évolution est vécue par les populations locales. Les résultats montrent que le poids du projet de société porté par les générations antérieures, l`existence ou non dans la population actuelle d`un projet pour l`espace ou devant s`inscrire dans l`espace, l`existence ou non de projets conflictuels, la nature des groupes qui portent ces différents projets, sont des facteurs déterminants de la façon dont sont interprétées et appréciées les évolutions des surfaces boisées. Ainsi, dans le cas pyrénéen, si les enquêtés sont globalement indifférents au développement de la végétation spontanée, c`est que la population locale a tourné le dos à la montagne : l`essentiel est que demeurent des « clairières-pelouse » ouvertes autour des granges restaurées, qui sont la métaphore d`une montagne annexe du village, où il fait bon rester « entre soi ». Dans le cas creusois, toute une partie des enquêtés ressent le malaise de la « fermeture du paysage » : les plantations, symbolisant le dépeuplement et l`isolement, c'est-à-dire la mort d`une société locale, s`opposent à une vision du plateau en tant qu` « espace ouvert », c'est-à-dire partagé par un assez grand nombre d`exploitants agricoles aux pratiques diversifiées, libre d`accès et d`usages pour tous (cueilleurs de champignons, promeneurs~).