L'implantation de bandes enherbées en guise de zones tampons constitue une des méthodes correctives possibles pour réduire les pollutions diffuses des eaux de surface par les produits phytosanitaires. Les travaux expérimentaux existant dans la littérature sur les capacités d'épuration des bandes enherbées vis à vis d'un ruissellement contaminé ont permis, outre la mise en évidence d'un abattement significatif des flux par la bande enherbée, d'identifier les processus et facteurs déterminants et soulignent l'importance du processus d'infiltration, favorisé par des horizons superficiels structurés. Ceci nous amène à nous interroger sur le devenir des produits infiltrés dans le sol, notamment à travers le rôle de la macroporosité, et sur la possibilité de transferts indirects vers la ressource à protéger, particulièrement dans la situation (très fréquente) des zones tampons implantées en bordure de cours d'eau. L'objectif du dispositif présenté ici est de compléter notre compréhension des processus déterminant le potentiel épuratoire d'un sol enherbé vis à vis d'un ruissellement contaminé, notamment en subsurface. Une expérimentation a été mise en place pour analyser de façon fine sur le transfert couplé des produits en surface et subsurface dans une bande enherbée interceptant un ruissellement contaminé. Les questions spécifiques au transfert subsurfacique portent sur la rapidité des écoulements verticaux, sur les quantités de produits transportées au-delà de la zone racinaire, sur l'hétérogénéité amont/aval des flux au sein du système enherbé en rapport aux processus de surface et sur l'existence d'éventuels flux latéraux. L'expérimentation doit par ailleurs fournir des données de calage/validation pour un modèle numérique représentant de manière couplée le transport en surface et dans le sol. Le dispositif expérimental a été mis en place dans une prairie existante du bassin versant de la Morcille, dans le Rhône (69). Il permet de suivre des événements ruisselants réels. Pour cela, le ruissellement de surface d'une parcelle de vigne de 2800 m2 est canalisé et dirigé sur la zone instrumentée, de 4 m * 6 m. L'instrumentation comprend en surface des mesures de débit et des mesures de concentration dans le ruissellement entrant et sortant du système. En subsurface, elle comprend sur 4 profils disposés le long de la pente, des mesures d'humidité et de potentiel matriciel à trois profondeurs, et une mesure des flux de percolation à 50 cm de profondeur. La mesure d'humidité est de type électrique (sondes réflectométriques). La mesure de potentiel est faite classiquement via des cannes tensiométriques à bougie poreuse équipées de capteur de pression. La mesure des flux de percolation se fait à l'aide de la technique des lysimètres à mèche en fibre de verre, permettant une mesure représentative des flux de percolation saturés et non saturés intégrative dans le temps et l'espace sur une surface significative (600 cm2), et perturbant faiblement le fonctionnement hydrodynamique du système. Nous présentons ici le système de mesure installé ainsi que les premiers résultats, obtenus principalement à l'aide d'événements ruisselants simulés.