Environmental quality in recreational demand analysis
Qualité de l'environnement et demande de loisirs
Résumé
Les méthodes traditionnelles visant l'évaluation économique des biens et services et non marchands (telles que la Méthode des Coûts de Déplacement ou l'Évaluation Contingente) ont encore du mal à intégrer la nature multi-dimensionnelle de certains sites récréatifs. La Méthode des Choix Multi-Attributs (Choice Experiment) est souvent perçue comme une alternative, mais elle aussi comporte certaines limites. Nous examinons donc une nouvelle approche à travers la Méthode dite Multi-Programmes (MP). Basée sur l'analyse multi-attributs de Lancaster (1966), sur les travaux de Hoehn (1991) et sur un protocole développé par Santos (1998), la MP est consacrée à l'étude des relations entre les différents composants (ou programmes) d'une politique environnementale. Nous proposons son application au littoral girondin, où les activités récréatives s'exercent sur trois milieux simultanément (l'océan, le sable et la forêt).Dans la littérature, deux modélisations économétriques sont mobilisées afin d'inférer les Consentements-à-Payer (CAP) des visiteurs et de déterminer s'il existe ou non un « effet d'inclusion ». La première, axée sur les politiques, suit les recommandations de Hanneman (1984). La seconde, axée sur les programmes, trouve ses fondements théoriques dans les travaux de Cameron et James (1987b) et de Cameron (1988 ; 1991). À ce jour, aucune comparaison empirique entre les deux approches n'a encore été tentée et nous proposons dans cet article d'alimenter la réflexion sur ce point. Nos résultats corroborent les conclusions de McConnell (1990) puisque nos estimations de CAP issues des deux méthodes sont identiques. Le choix des formes fonctionnelles, qui excluent les caractéristiques individuelles, n'est toutefois pas neutre. Les résultats sont un peu plus nuancés en ce qui concerne les relations entre les espaces. Sur les programmes pris deux à deux, les modélisations donnent dans deux cas sur trois un résultat semblable en identifiant tour à tour des propriétés de complémentarité (forêt et sable) et d'indépendance (océan et sable). Nos conclusions, qui appuient au passage celles de Santos (1998), relativisent donc les propos de Hoehn (1991) qui défend globalement les phénomènes de substitution. Enfin, si les deux méthodes sont globalement convergentes au troisième niveau (avec un effet de substitution), l'information qu'elles fournissent reste difficilement comparable. À l'avenir, l'analyse théorique des effets croisés mériterait donc d'être approfondie.