La politique d'accueil du public en forêts mise en place par l'Office National des Forêts vise à « les rendre véritablement accueillantes pour les diverses catégories d'usagers autant qu'[à] organiser l'accueil ». L'efficacité de telles opérations est généralement étudiée au travers d'analyses comparant leurs coûts et leurs bénéfices. Or, les loisirs en forêts publiques est un service non marchand c'est-à-dire qu'il n'existe pas de marché permettant de lui appliquer un prix. L'absence de prix ne signifiant pas absence de valeur, des méthodes spécifiques dites d'évaluation économique sont mises en ½uvre. Elles permettent son approximation par la mesure du surplus des consommateurs (Desaigues et Point, 1993). Mais, au-delà de sa reconstitution, la composition même de cette valeur est un enjeu de taille. Cette thèse vise à contribuer au débat sur l'évaluation économique de la demande de loisirs de nature sur des actifs multi-dimensionnels. Compte tenu de la nature particulière de l'aménité considérée, elle examine plus particulièrement les apports des approches multi-attributs. En effet, les méthodes traditionnelles d'évaluation prennent difficilement en compte les variations dans la qualité du service récréatif offert. Notre étude de terrain nous amène à examiner la préférence des visiteurs pour la forêt au sein d'un ensemble récréatif complexe comprenant à la fois la forêt, la plage et l'océan. Tout d'abord, grâce à la méthode multi-programmes, nous étudions les relations entre ces trois espaces. Cette méthode donne notamment l'importance relative de chacun dans le choix de visite et inique s'ils doivent, dans la fonction de demande des agents, être considérés comme des compléments ou comme des substituts. Ensuite, la méthode des choix multi-attributs permet d'expliquer la manière dont les visiteurs font des choix, i.e. d'identifier les caractéristiques du service récréatif intervenant dans le choix de visite. Elle permet d'inférer le bénéfice marginal que les visiteurs retirent de la consommation de chacun des attributs, naturels et manufacturés, composant le service récréatif, et donc la valeur « marginale » de ces derniers. Nous pouvons ainsi calculer le consentement à payer des visiteurs pour un maintien de la qualité du service. En matière d'aide à la décision, ces approches sont plus explicites pour le gestionnaire. En effet, au lieu d'évaluer l'actif dans son ensemble, elles lui fournissent la valeur de chaque attribut composant le service récréatif. Il lui est alors plus facile de lier cette demande d'équipements ou de caractéristiques naturelles aux opérations à mettre en ½uvre pour la satisfaire, mais aussi, réciproquement, d'appréhender les effets de ses actions sur la fréquentation. D'autant que sur le littoral s'appliquent un grand nombre de politiques globales, rendant difficile l'identification des conséquences des décisions de chacun et de sa responsabilité dans les évolutions de l'offre de loisirs.