La prise en compte de l'intérêt du citoyen dans la décision publique passe par l'estimation des préférences individuelles. Il est en effet légitime d'étudier les préférences individuelles des consommateurs pour orienter certains choix publics en matière de régulation des marchés ou de mise à disposition de biens publics. La démarche naturelle de l'économiste est d'étudier les préférences individuelles au travers des décisions sur les marchés. Mais bien souvent, les décisions publiques portent sur un scénario, un service ou un bien pour lesquels il n'existe pas de marché de référence. Comment évaluer les préférences d'un individu pour un bien ou un service pour lequel il n'existe pas de marché ? Cette question constitue un vrai enjeu méthodologique. Les méthodes mises en ½uvre à ce jour reposent, dans l'ensemble, sur la conduite d'enquêtes avec questions hypothétiques. En dépit de nombreuses avancées méthodologiques, on peut s'interroger sur la validité des mesures obtenues dans le cadre de telles enquêtes. En effet, les personnes interrogées peuvent avoir un intérêt à ne pas révéler leurs préférences réelles. Ne butant contre aucune contrainte dans l'expression de leurs besoins, les personnes interrogées auront tendance à surévaluer leurs préférences pour un bien ou un service désiré. De nouvelles méthodes fondées sur les recherches en économie expérimentale peuvent constituer une alternative intéressante qui échappe aux biais pesant sur les enquêtes par questionnaire. Le principe général de ces méthodes consiste à étudier les préférences individuelles via des comportements d'achat réels observés dans un environnement contrôlé et reproductible. En d'autres termes, il s'agit de créer le marché qui n'existe pas. L'organisation de ces marchés en laboratoire permet de contrôler au mieux les variables décisionnelles qui pèsent sur les décisions d'achat. Plus encore, en contrôlant ces variables, le chercheur peut étudier l'impact sur l'achat d'une variation à la marge de l'une de ces variables décisionnelles, toutes choses étant égales par ailleurs. Dans cet article, nous expliquons en quoi consiste exactement une mesure des préférences en laboratoire. Nous présentons l'intérêt de cette démarche et nous en exposons les limites.